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AU CAMP DE ZEITENLIK

Le camp est à ce moment une vaste plaine mamelonnée, sans un arbre, à la végétation pouilleuse. Il est coupé de ravineaux dont les bords à pic, creusés par l’écoulement des eaux, ont 2 à 3 mètres de haut. Les Français y ont dressé leurs tentes marron, triangulaires et basses, et les Anglais leurs marabouts blancs et coniques, superbement alignés.

Nous dressons nous-mêmes nos petites habitations de toile et nous allons vivre là jusqu’au 12 Novembre une vie réglée par des sonneries de clairon précédées du refrain du régiment, une vie qui nous rappellera le camp de Sissonne et le temps de la paix.

Le « filon » c’est d’aller à Salonique. Il y a toujours des volontaires pour les corvées qui s’y rendent. La traversée de la ville est pittoresque, grouillante d’une vie toute orientale.

La rue Egnatia et la rue Vénizélos sont remplies d’une foule innombrable de Saloniciens, d’Anglais, de Français, d’attelage de toutes sortes, de chevaux, de bœufs aux cornes longues et effilées, d’ânes, de mulets, d’auto-camions, d’arabas et de motocyclettes. Les cireurs de chaussures et les crieurs de journaux Français et Espagnols (car Salonique, ville grecque, parle surtout l’espagnol et le français) manifeste une agitation désordonnée.

Le petit commerce local est multiple et bigarré, avec ses commerçants au type juif prononcé, assis devant leur porte lorsqu’ils ne racolent pas obséquieusement le client probable. Les marchands de vêtements militaires, de bottes, d’objets de campement, de tabac à la marque : « Le Poillu, vive les Allié » sont évidemment éclos d’hier. Mais les marchands de yogourth, de pastèques, de fritures, de glaces, les ferblantiers, les brodeurs aux fils d’or sur velours violé ou bleu foncé, les rapetasseurs de sandales, semblent avoir toujours fait corps avec le sol où s’élèvent leur boutique.

Sur le tout, un ciel immuablement clair et bleu qui rend plus crue la blancheur des mosquées, plus nettes les teintes acides des fruits qui pendent aux éventaires, plus vifs les bariolages des tapis qu’on expose aux désirs des passants, plus étincelantes les cuivreries des marchands d’eau et plus rouges les chairs saignantes des bestiaux mal abattus et mas découpés qui s’accrochent à même le trottoir sur l’étal sanglant des bouchers.

Quand on peut lâcher la corvée (et c’est assez facile) on passe aisément une heure aux terrasses de Flocca et de Bastasani où l’on sert avec les « mézés », la bière et le raki. Si l’on dispose d’un peu plus de temps, le beuglant de la Tour Blanche peut vous accueillir, ou bien encore les « Pensions » de la rue Max Harden où se coudoient tous les âges et tous les grades dans le plus aimable laisser-aller.

Zizi, Théodore, Carmen, Marika, laissez-nous donner une dernière pensée à l’hôtel de Vienne, cette « pension » dont le garçon d’étage à la gueule d’idiot vicieux et désabusé, s’appelait simplement Périclès !

Quand on rentre au camp, on peut encore s’attarder au quartier tzigane dont la rue du Vardar forme la voie centrale et dont une des curiosités les plus imposante est une nommée Gaby qui présente ses 120 kilos dans un costume de marin aux pantalons courts.

Le 11 Novembre, le temps change subitement. Dès le matin, il pleut, une sale pluie qui transforme en torrents les ravineaux du camp et en lacs de boue la terre de Zeitenlik. Dans la journée, le vent se lève, qui plaque la pluie par rafales et menace d’enlever les tentes.

Le lendemain 12, il augmente encore sa violence effrayante. C’est le vent du Vardar. Il souffle du nord, arrachant tout, démolissant nos maisons de toile et les roulant au loin. On ramasse tant bien que mal son barda et c’est dans le hurlement de la tempête qu’on gagne la gare des Orientaux où nous allons embarquer pour monter vers la Serbie.


Date de création : 19/01/2013 ! 14:47
Dernière modification : 02/12/2013 ! 18:43
Catégorie : Historique du 45e RI - Le 45e RI en 14-18
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