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Henri MOREL |
La bataille de Quennevières(Suite et fin) Enfin au cantonnement, tous retrouvent leur sang-froid, et les officiers leur morgue hautaine... ..On fait le tour des Cies pour revoir les amis, et Jules SERVAIS heureusement est là. NOISIEZ manque et beaucoup d'ardennais aussi, le coiffeur PUISSANT, MINET et d'autres. A quelques jours de là, on reçoit l'ordre d'aller en arrière ; c'est de bon cœur car vivre toujours sous de grandes futaies sans soleil, sans maison cela n'égaye pas. J'oubliais de dire qu'avant le départ une messe avait été faite pour les morts et blessés de Quennevieres . Le Colonel avait dit la veille que "nous (les hommes) n'étions pas plus en ce monde qu'une crotte de chien ". Cela lui avait déjà fait perdre bien des sympathies. Quand le soir de la messe il a fait faire concert que les morts étaient encore chauds, les musiciens furent accueillis par des sifflements qu'il vint faire cesser lui même.
Les musiciens n'étaient pas gais non plus. Nous voilà donc partis par une belle matinée de juin à travers bois, puis prêts à fond. Nous passons à St Crépin ; puis en plaine le brouillard se lève, on passe la rivière d'Aisne et on tombe sur la route nationale (RN 31) que l'on quitte bientôt. On marche sous les bois de sapins ; de temps en temps de grands bois, des marais organisés pour la pêche. Soldats partout ; au détour d'un chemin un civil fane, je repense un moment au pays, au métier, mais la gaie pensée s'obscurcit bientôt car plus loin des territoriaux refont la route.
Après avoir traversé de beaux et riants villages, de riches pays, nous arrivons à Pierrefonds au château si majestueux dans sa froideur de pierres grises. Nous sommes cantonnés à l'écart, mais assez près du centre de la ville, dans des lotissements de terrains (les chevaux) et les hommes dans des villas appartenant à un Commandant de cavalerie. Nous sommes là très bien ; je reçois en arrivant un coup de pied du cheval noir à CLOSSON qui manque de me casser la cuisse : je dois aller à l'infirmerie en ville ; j'en profite pour rapporter tout ce qu'il me fallait, chocolat, confiture, vin car la Compagnie est consignée par ordre du Capitaine. Des hommes éméchés réclament et se disputent avec lui ; on a enfin le droit de sortir. C'eût été dommage de ne pas pouvoir visiter cette jolie ville. Mais les 20 F. que Jules SERVAIS m'a donné seraient bien vite dissipés : on doit ralentir. On reste là quelques jours ; nous allons aux bains des touristes et manœuvrer dans de grandes plaines les mieux cultivées que j'ai vues en France de la guerre. Se rappeler l'escalade avec les voiturettes d'un bois de sapins à pic. Edition FR3 Nord Picardie du Samedi 9 Janvier 2010
Pour en savoir plus sur le secteur je vous conseille cet article>>>ICI<<< Un dimanche soir on embarque après avoir été remerciés par le Général de la 6è Armée, nous retournons à la 5è. Nous allons débarquer au jour à Muizon, et de là on regagne Courcelles où nous reprenons nos anciens cantonnements et retrouvons des visages de connaissance. On achète des cerises pas cher, on a les premières pommes de terre car cette région ravitaille Reims du temps de paix en primeurs. On commence à reparler de la formation d'une nouvelle Cie. Un jour on apprend que c'est fait et la veille seulement j'apprends que je suis désigné pour y aller(Jules passe alors au 45e R.l.) . Conséquence des calomnies des deux muletiers qui me méprisent à Ba... (?). Enfin : je vais voir Jules SERVAIS à Rosnay pour l'avertir et lui demander 10 F. Puis le lendemain à 5 H. on part au 45è où l'on est affectés. Le Colonel nous dit adieu et son regret de n'avoir pu nous garder. Nous sortons le sac que l'on n'a pas eu depuis longtemps et on fait le chemin à travers champs, et montées où il fait très chaud.
Date de création : 12/01/2010 ! 22:54
Dernière modification : 18/01/2010 ! 11:43 Catégorie : - Carnet Jules GOFFIN Page lue 5175 fois |