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Henri MOREL |
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http://45eri.lescahiersdhistoire.net/data/fr-articles.xml Michel Emmanuel Louis COURSIN
Michel est né le 26 Mars 1892 à Vieux-Viel en Ile et Vilaine .
Ses parents :Son père Amand Jacques Emmanuel COURSIN, né le 24 mars 1857 à Argouges (Manche) Il était affecté au 2ème Bataillon (Jeanson)
Il est mort à BOUGE (près de NAMUR) le 23 août 1914, il repose en BELGIQUE à AISEAU dans la Nécropole nationale de la "Belle Motte"à la tombe N° 668. Ses frères, Armand, François, Raphaël (Voir son article) et Louis seront aussi incorporés dans différents régiments.
Armand était l’aîné de huit enfants de la famille, il avait pour épouse Jeanne. C’est à la maison qu’il décèdera des suites de ses blessures de guerre. Quant à ses quatre autres frères ils mourront sur le champ de bataille
Raphaël était Caporal au 25ème RI. Il est mort le 22 août 1914 à la bataille de Charleroi, il repose en Belgique à Aiseau dans la Nécropole française de La Belle Motte tout prés de son frère Michel. François du 70ème RI décède à Roclincourt lors de la bataille d'Arras nous ignorons où il se trouve.
Louis qui était Sergent au 161ème RI décèdera le 16 octobre 1915. Il repose dans une tombe individuelle à la Nécropole nationale de "MOURMELON-LE-GRAND"
De cette décimation familiale, ne subsistera que trois enfant : Pierre, Marie-Louise et Pauline qui n’avait que 11ans.(Pauline est la maman de Odile TIZON)
Michel se trouvait à Laon lors de la mobilisation. Voilà ce qu’il écrit à ses parents :
Laon le 31 Juillet 1914
Chers Parents,
Vous devez être inquiets de n’avoir pas reçu de nouvelles depuis 4 jours. Par ces temps-ci c’est fort compréhensible. Mais je ne voulais pas vous écrire pour mal vous renseigner ou vous alarmer inutilement. Aujourd’hui j’ai des nouvelles sûres qui ne doivent pas vous surprendre. Depuis longtemps on prévoyait une mauvaise tournure, aujourd’hui c’est commencé pour l’active, nous sommes prêts à embarquer, sans pour ça que la guerre soit déclarée. On n’a pas encore non plus mobilisé de réserves, mais d’un moment à l’autre ça peut arriver. Donc attendons-nous à toute éventualité. Quand vous lirez cette lettre je peux fort bien être sur la frontière, je peux aussi bien être tranquillement à faire l’exercice. Pourtant je recommande à tous d’être calme et de prier Dieu. En face des évènements qui se préparent là seulement on peut trouver le calme.
Moi je suis prêt.
Voyons avec le Caporal Bonneau de la 3e Cie (1er bataillon) les conditions du départ du régiment, de la caserne au quai d’embarquement de CHAMBRY
Quai d'embarquement de CHAMBRY (2009) en arrière plan LAON et sa Cathédrale
« Samedi 1er août: 4 heures, réveil. Sommes prêts. A 6 heures, en route pour la gare. Défilons pour la dernière fois dans Laon encore à demi endormie. Peu, très peu de personnes dans les rues. C'est encore la froideur du Laonnais pour le soldat qui, cependant, le fait vivre. Par-ci, par-là, un visage connu. Des femmes pleurent: aucune ovation. Lentement, le long ruban que nous formons descend vers le quai d'embarquement de Chambry ».
Le train de Michel quitte CHAMBRY à 10H 50 en direction de LIART pour débarquer à MEZIERE
L’état Major du 2e Bataillon cantonne à MONTCY NOTRE DAME
Michel se trouve à Joigny sur Meuse le 2 Août 1914 voilà ce qu’il écrit :
Chers Parents,
Maintenant vous allez être seuls et bien tristes, la mobilisation est générale, et pourtant la guerre n’est pas encore déclarée. Peut être ne le sera t’elle pas. L’Allemagne en face des immenses forces qu’on lui oppose va peut être se décider à mettre bas les armes. Le moment est propice pour nous de lui administrer une bonne raclée, nous sommes prêts, nous sommes bien soutenus, qu’attendons-nous donc ?
C’est un mal nécessaire qui doit tôt ou tard arriver, et bien que ce soit tout de suite et nous serons tranquilles après.
Où est-ce qu’est François, Armand et Raphaël ?
Depuis quand ont-ils rejoints ?
Quelles sont leurs nouvelles adresses, vous n’oublierez pas de me les donner le plus vite possible n’est-ce pas. La séparation a du être bien cruelle chez nous et à Villenger (là ou habite Armand son frère).
Allons pensons que c’est pour la Patrie et n’hésitons pas à faire pour elle tous les sacrifices. Si vous saviez comme par ici la population est enthousiaste, vous en seriez tous réchauffés. Partout la troupe est acclamée au cri de « Vive la France ».
Ainsi hier à Charleville ce fut un délire, nous défilions musique en tête quelques minutes après l’ordre de mobilisation aussi la foule ne cessait pas de nous acclamer. Aujourd’hui nous sommes cantonnés tout prêt d’un pont de la Meuse que nous avions mission de garder.
Pont de Joigny sur Meuse
Nous ne sommes pas loin de la frontière belge, et pourtant il y a encore des troupes en avant de nous. Dans tous les points dangereux et importants on a mis des troupes.
Et chez nous vous allez avoir du mal à rentrer les récoltes, plus personne! Et si c’est comme ici de l’eau. Je ne vois pas très bien la récolte se ramasser. Quant à moi ne soyez nullement inquiets à mon sujet, je me porte bien, je suis bien habillé, bien nourri jusqu’ici, donc je ne vois pas pourquoi vous vous tracasseriez à mon sujet. Soyez tranquilles nous reviendrons tous couverts de lauriers et fiers d’avoir repris à l’allemand maudit l’Alsace et la Lorraine. Faites chez nous comme si nous étions en promenade, ni plus ni moins. La chose que vous puissiez faire est de prier, vous n’y manquerez certainement pas.
Je vous souhaite à vous Papa et Maman le retour de tous vos fils.
PS vous continuerez d’adresser mes lettres comme d’habitude mais en ajoutant 2ème corps d’armée. Je crois que ce sera suffisant pour qu’elles m’arrivent.
Michel
Le 5 août Michel se trouve affecté au Corps de Cavalerie SORDET C'est aussi le 5 août, que le corps de cavalerie Sordet, passe sous les ordres directs du G. Q. G., est invité par lui à se porter de Sedan sur Neufcbâteau pour protéger cette partie du Luxembourg, et assurer la découverte vers Luxembourg et Malmédy. Le régiment de la Brigade Mangin (45e), qui se trouve à Sedan, lui est attribué comme soutien ; un convoi automobile en assurera le transport.
Source: Le plan de campagne française et le premier mois de guerre par le Général LANREZAC
Le 6 août Le 7 aoûtMichel quitte VRESSE pour être transporté en convois automobiles aux cantonnements de SAINT HUBERT avec l’ensemble de son bataillon.Le 8 Août le Btn JEANSON qui occupe SAINT HUBERT y laisse une compagnie DUCARNE (5e ) est transportée en convoi automobile à ROCHEFORT . Le convoi automobile à la demande par téléphone du Lieutenant Colonel commandant le régiment (Grumbach)vient au devant du btn BOURDIEU. Le btn est embarqué à WAVREILLE et débarqué à ROCHEFORT où avec le Btn JEANSON déjà arrivé il assurera la sécurité de l’E.M de la brigade et des Transmissions du régiment.
Le btn JEANSON tient la direction vers le nord ( JEMELLE Abbaye de SAINT REMY)
Pour la nuit issue du cantonnement de ROCHEFORT sont sérieusement barricadées. Pour la garde du convoi automobile et des trains de combat et régimentaires
S’ensuivent des déplacements incessants, avec des longues marches, les sacs sont chargés dans les autobus, parfois se sont les soldats qui y prennent places.
Michel expédie une courte carte de Belgique, sans date
« Je suis en bonne santé et vous embrasse tous. Michel »
Nous retrouvons Michel le 12 août avec le 2e btn à JAVINGUE,
Il repart le 13 août à 11H00 en convoi d’autobus pour rejoindre JAMBLINNE.
Le 2e btn en descendant d’autobus ouvre le feu sur un groupe de cavaliers ennemis dont 2 sont tués et plusieurs autres blessés
Dernière carte de Michel le 15 Août 1914
« Bonne fête à toutes les deux. Je suis en bonne santé. Adieu »
Voilà ce que nous apprend le JMO pour cette journée
15 août 1914Départ de VILLERS SUR LESSE à 2h 30 Itinéraire Route de Beauraing - WANLIN HOUR HOUR la petite - HOUYET. Arrivée vers 6h
Vers 6h 30 le régiment occupe les hauteurs entourant le village. Les 6e et 11e cies sont dirigées sur GENDRON.
Engagements avec la cavalerie ennemie (patrouilles).Le soldat RIGAULT Ch de la 5e Cie est assez grièvement blessé
Départ de HOUYET 14h pour Mesnil saint blaise où le régiment est chargé sur les autobus.
Départ des autobus vers 16h 30 pour GIVET où ils arrivent vers 18h.Ils repartent dans la direction DINANT et arrivent à HASTIERE à 22h où le régiment cantonne
Le 16 aoûtMichel ignore certainement les différents ordres qui concernent son régiment, en effet des ordres contradictoires font que le 45e RI n’est plus rattaché au CC Sordet le régiment passe au 1er Corps d’Armée, mais à A 11h le régiment repasse à la disposition du Gal SORDET commandant le corps de cavalerie.
Le régiment est donc embarqué pour LESVE 14 km environ S.O de NAMUR mais en cours de route le régiment passe de nouveau sous le commandement du Gal commandant la 1e C d’A. En conséquence le régiment toujours en autobus est dirigé sur le cantonnement de BIOUL pour le 2e Bataillon, Michel y arrive vers 20H00 Le 17aoûtMichel reste à BIOUL avec le bataillon qui se retrouve en réserve des autres bataillons.
Après quelques jours de répit pour lui, grand chambardement pour Michel le 21, il apprend qu’il va passer sous commandement belge. Que pour cette occasion un nouveau régiment est constitué avec 2 bataillons du 45e RI et 1 bataillon du 148e RI. (Les 2 régiments étaient de la 8e Brigade Mangin).
La nuit fut courte pour Michel le départ de BIOUL est fixé à 1h30. Il effectue une marche dans la nuit du 22 août sur NAMUR. Michel y arrive à 6H00 le matin.
Ils sont accueillis à l’Ecole des Cadets de Namur
Le régiment traverse NAMUR, défile devant le Général MICHEL aux accents de la marche de Sambre et Meuse puis se rend devant la caserne des Cadets, place Elisabeth, où a lieu une distribution de café faite à la troupe, distribution n’ayant pas demandé moins de 3 h.
Voyons ce que rapporte le Colonel GRUMBACH :
Pendant la distribution de café, le chef de bataillon DURUY de l’E.M de la 5e Armée française qui se trouvait à NAMUR me donna verbalement des instructions de la part du Général LANREZAC. D’après ces instructions je devais m’efforcer de rester à NAMUR jusqu’au lendemain soir 23 Août pour assurer la jonction entre l’armée du Général LANREZAC qui s’avançait sur la Sambre à celle du Général de l’angle de Cary qui devait se porter sur le front NAMUR ANDENNE, front que vraisemblablement elle atteindrait dans l’après midi du 23.
8h : Communication du cantonnement le Btn JEANSON et MARCONNET seront à BOUGE
Au fur et à mesure que les bataillons ont pris leur café, ils sont dirigés sur leur cantonnement.
les 3 bataillons français seront dirigés immédiatement l’un sur la route de Hannut vers BONINNE le 2e sur cette même route à la borne H voilà ou se trouve Michel ce 22 août.
Michel ignore que son frère Raphaël se trouve à quelques kilomètres de lui vers CHARLEROI le 25e RI y subit des fortes pertes, Raphaël trouve la mort au cours de cette journée du 22 août.
Raphaël Coursin
Le 23 aoûtVoir la localisation du secteur de NAMURBelges et français ne peuvent rien devant la puissance de feu allemande, le repli s’impose. Malgré le désordre causé par le « Sauve qui peut » des belges, grâce surtout à la belle résistance que fit le Btn JEANSON en couvrant la retraite du Lt Col Grumbach, qui peut arriver ainsi en ordre sur la position choisie.
D’après le rapport Grumbach on peut estimer la blessure ou la mort de Michel entre 14H00 et 15H00
Le chef de Bataillon JEANSON perd la vie entouré par ses hommes Michel était certainement de ceux là
.
Michel et une partie du 2e bataillon se sont sacrifiés pour sauver le régiment en retardant l’avance allemande.
Voilà ce que rapporte le Chanoine COUBE à propos du Chef de bataillon JEANSON dans son livre « Du champs de bataille au ciel »
au moment où il quitte Laon, sa ville de garnison, des amis lui crient : « Au revoir ! » Et lui tout transfiguré et levant non seulement ses yeux mais son épée vers le ciel, répond : « Si nous ne revenons pas, il y a l’au-delà ! » C’est avec cette belle espérance que Michel à rejoint son frère Raphaël mort la veille lui aussi sur cette terre de Belgique.
Michel fut inhumé en tombe individuelle dans le cimetière militaire de Marchovelette à BONINNE qui se trouve à la limite de Champion et de Marchovelette. Il avait 22 ans !!!!
La retraite et la terrible désillusion vont suivre les soldats français jusqu'au sursaut de « La bataille de la Marne ».Ce qui ne devait durer que quelques mois s’éternisa. Les restes mortels du Caporal COURSIN Michel Emmanuel ont été transférés le 14 octobre 1922 à La Belle Motte dans la Nécropole française. .
Les pauvres parents n’ont jamais su où se trouvaient les corps de Raphaël et de Michel. C’est en 2008 que la famille a retrouvé le lieu des sépultures. Cimetière de Marchovelette
La dépouille de Michel fût transférée plus tard à Aiseau « La Belle Motte » il y repose aujourd’hui prés de son frère Raphaël EPILOGUE :
Sans nouvelles de Michel ses parents ont essayé de savoir ce qu’il était advenu de leur fils voilà la réponse du capitaine au courrier des parents sans nouvelles de Michel 27 Octobre 1914
Monsieur,
Je reçois seulement votre lettre au sujet de votre fils. Il a été blessé à Namur en même temps que notre chef de bataillon en chargeant à la baïonnette pour repousser une charge des allemands et protéger la retraite du bataillon qui était obligé de se retirer. Je ne saurai vous dire ce qu’il est devenu par la suite. Nous savons que nos camarades qui sont tombés dans cette circonstance ont été recueillis par les Ursulines et faits prisonniers à leur guérison par les allemands. Pour avoir des nouvelles certaines il faudrait vous renseigner aux agences suisses. Avec mes sentiments les meilleurs et mes félicitations pour la belle conduite de votre fils.
Signature illisible
Le samedi 23 octobre 2010 Marie-Jeanne s'est rendu à la Nécropole de "La Belle Motte" pour se recueillir avec son mari sur les sépultures de Raphaël et Michel.
Voir l' article paru dans la presse locale belge le 25 octobre 2010 Voir le Blog de La Sambre 1914 pour lire le résumé de la journée du 23 octobre Nous nous sommes rendu à Vieux Viel pour le 11 novembre 2010, en arrière fond la maison natale des frères Coursin. Remerciements à : Odile TIZON, Marie Jeanne TROUSSIERE, Mairie de Vieux-Viel, Bibliographie : FANTASSINS DE 14 -DE PETAIN AU POILU de Pierre BOURGET
JMO du 45e RI
Date de création : 14/10/2010 ! 23:10
Dernière modification : 22/05/2012 ! 21:30 Catégorie : Découvrir - Témoignage Page lue 5144 fois Réactions à cet article
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