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Henri MOREL |
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La Mort d'Alfred MILLOT GUMENDJE* 1er Novembre 1916 Votre lettre m'a dans le même temps navré et consolé. Je sens que vous souffrez et dans le même temps je vois que vous êtes vaillante. Consolez vous, et surtout consolez les parents et la sœur de votre fiancé. On a fleuri sa tombe et celle de ses camarades. Demain il aura office solennel pour le repos de leur âme dans notre pauvre chapelle qui fait un peu piètre figure à coté de la belle église orthodoxe des Grecs,,, mais qui a un peu plus d'âmes qu'elle lorsque mes braves poilus la remplissent. Un de mes amis quand il fera beau ira me photographier sa tombe et je pourrai vous l'envoyer. Votre fiancé repose prés d'une petite ville derrière les lignes à GUMENDJE ville.Là nous avons l'hôpital. Je ne sais pas grand chose des derniers moments de votre cher défunt,,, Il mangeait paraît-il lorsqu'un stupide obus éclata près de lui, on le transporta chez nous,,on le trépana,, il alla bien,, puis devint somnolent éprouva une grande difficulté pour parler, comme on espérait qu'il irait mieux on me ne le signala pas comme étant dans un état assez grave. GISLARD qui est un bon chrétien était peiné de ne me l'avoir pas fait connaître. Subitement il s'endormit pour toujours. Son courage et la sérénité avaient fait l'admiration de tous. Le vaguemestre m'avait du 45ème m'avait parlé de lui comme d'un camarade charmant. Le Caporal GISLARD vous en dira d'avantage, je l'en ai prié tout à l'heure, pour moi j'ai fait de mon mieux pour que votre fiancé ait de belles funérailles. Je regrette de ne pas avoir écrit les paroles que j'ai prononcées sur sa tombe, c'est pour vous et les lieux un souvenir En tout cas alors que je parlais, j'ai vu des larmes couler de mes vieux poilus. Je vous écris à la hâte avec toute ma sympathie,,,Bientôt, j’espère je vous enverrai la photographie. Le reste, objets personnels, carnet, argent a été réglementairement empaqueté par l'officier gestionnaire et envoyé au bureau des successions militaire à Paris. Vous n'aurez cette succession que dans deux mois. C'est la loi, dure loi mais soyez sans inquiétude vous aurez tout ce que le défunt avait sur lui. De nouveau je vous prie d'avoir du courage !,,,, On se sépare et on se retrouve la haut.Là du moins plus de guerre ni de cruelles séparations. Votre dévoué
Signé T BRIZART
PS : Oui il a eu connaissance de son état le pauvre Alfred il avait la mémoire troublée ; il ne se rappelait que difficulté.
GUMENDJE 22 Novembre 1916
Mademoiselle Aquiesçant à votre désir exprimé dans votre lettre à notre aumônier Mr BRIZART je vous adresse ci-joint deux photographie de la tombe de votre cher regretté Sergent Alfred MILLOT. J'aurai voulu le faire plus tôt mais soit manque de temps soit manque d'occasion car je n'ai moi même pas d'appareil, je n'ai pu le faire que ces jours derniers aussi vous prierai-je de vouloir bien m'en excuser du retard apporté. Vous demandiez également quelques renseignements sur sa blessure, son séjour à l'ambulance, et aussi ses derniers moments. Ceux que je pourrai vous fournir sur sa blessure sont bien vague car à son arrivée à l'ambulance le 12 le Sergent MILLOT y était déjà et avait subi une trépanation qui avait amené une amélioration notable. C'est d'un éclat d'obus à la tête qu'il avait été blessé et amené d'urgence à l'ambulance, étant dans le coma. Lorsque, je le vis pour la premiére fois au pansement, il y avait un mieux très sensible MILLOT causait un peu, mais n'avait pas du tout de mémoire et le souvenir de rien. Malgré ce sursis apparent le chirurgien conservait peu d'espoir car le projectile était resté dans la matière cérébrale et il craignait ce qui est arrivé malheureusement.
Il y avait des jours ou son esprit s'éveillait, ou il était un peu plus loquace, et ce sont ces quelques rares fois qu'il me pria de vous donner de ses nouvelles, à part ces quelques moments de lucidité il était dans un état dans un état de prostration profonde,et lui même avouait ne pas souffrir, la mort survint brusquement l'on vint me réveiller vers une heure du matin, alors que rien le soir même ne m'eut fait soupçonner un dénouement aussi brusque. Je fis tout ce qu'il m'était possible de faire, le médecin lui même n'y put rien, et sans avoir repris connaissance ce brave s’éteignit à cinq heures du matin, sans avoir prononcé un mot, et très certainement sans avoir souffert. MILLOT était très sympathique et j'avais pour lui beaucoup d’amitié c'était un peu mon blessé préféré , tout au moins celui qui m'intéressait le plus, aussi sa mort m'affecte t' elle beaucoup et lorsque deux jours après je reçu votre lettre me demandant des renseignements sur son état, je ne puis y répondre n'ayant pas le courage de vous annoncer la terrible et tris nouvelle et c'est pour cela que je priai Mr BRIZART de le faire étant plus qualifié. Lorsque mon service me le permet je vais faire une petite visite, à la tombe et y prier au nom des siens, quand nous pouvons avoir quelque fleurs nous les lui portons, malheureusement elles sont rares, mais son souvenir et nos pensées les remplacent. Oui MILLOT était un brave, et il n'a laissé que des regrets, soit parmi ses camarades, soit parmi vous. Je vous prierai Melle d'agréer mes sincères condoléances et de vouloir bien être mon interpréte auprès de la Famille MILLOT. Votre tout dévoué. Signé GISLARD *Goumenissa (actuellement)
Alfred MILLOT est né à Montereau Faut Yonne (seine et Marne) de Hélène Victorine SORDOT âgée de 26 ans dont la profession est couturière. Elle est l'épouse de Pierre Alfred MILLOT , qui a 28 ans à la naissance d'Alfred. Il est ouvrier peintre en batiment. Les parents d'Alfred demeurent à Paris au 193, Rue Legendre
Date de création : 15/01/2013 ! 20:40
Dernière modification : 15/01/2013 ! 21:01 Catégorie : Découvrir - Témoignage Page lue 3426 fois Réactions à cet article
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