DEPART POUR LA SERBIE
Ce n’est que vers le soir que l’on part. Il n’est pas encore nuit que nous avons déjà quittés les dernières bicoques saloniciennes pour entrer, sans transition, dans le désert de la vallée du Vardar. C’est une vallée plate et marécageuse à la végétation misérable. Des arbres épars montrent, ça et là, leur silhouette tordue par le vent et tendent au bout de leurs troncs rabougris quelques rameaux effeuillés.
Pas de jardins, pas de cultures. Des landes monotones que limitent des collines dénudées.
De l’obscurité, maintenant complète, sort parfois une petite lumière dont on se rapproche au rythme lent et cahoteux de nos wagons : c’est la lanterne d’une masure croulante, d’une gare inattendue dans la solitude, le silence et la nuit.