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Henri MOREL |
MILETKOVO Miletkovo est un village semblable à tous ceux que nous avons déjà rencontrés dans la vallée du Vardar : des maisons éparses à la fois blanches et sales, où les bouses de vaches sèchent le long des murs pour le chauffage de l'hiver, un minaret au centre du pays, des rues fangeuses où circule une maigre population très suspecte et quelques rares animaux étiques. Mais Miletkovo commande un des gués de la Pétrovska, sur la route de Salonique à Uskub, parallèle au Vardar. Et la rapide Petrovska est un obstacle suffisant pour qu'on essaye d'y arrêter l'ennemi. Dès la matin du 10 Décembre, notre tâche s'avère devoir être rude. Le 1er bataillon a pu se décrocher de Mirovca et se rabattra sur les retranchements que les pionniers du régiment lui ont préparés à l'avance à Miletovo. LE 2ème bataillon est déjà en ligne au gué de la Petrovska. Le 3ème bataillon est en réserve, c'est-à-dire qu'à quelques kilomètres en arrière, à Smokvica, il va passer sa journée à creuser les tranchées qui permettront, plus tard, le décrochage des autres bataillons engagés. A 9 heures du matin, il règne sur tout le pays un brouillard opaque. Les Bulgares ont pu s'emparer sans peine des tranchées vides de Mirovca. On a entendu les sinistres hourras de leurs charges sur des emplacements abandonnés et maintenant les voici sur les premières maisosns du village, où ils parviennent déjà à se glisser. Mais nous avons avec nous des batteries de montagne et surtout une très efficace batterie de 75 qui ouvre le feu sur les avants de Miletkovo. L'ennemi recule-t-il ? Attend-il une heure plus favorable ? Le brouillard ne nous pêrmet guère de renseignements visuels. Mais nous constatons que jusqu'à midi l'adversaire ne bouge pas. A midi nous comprenons les raisons de son calme : c'est que, lui aussi, a voulu de l'artillerie et qu'il a fait venir des pièces légères et des pièces lourdes. Elles entrent aussitôt en action contre nous. Il y a longtemps que nous avions désappris les grosses marmites et leurs ravages et nous refaisons avec elles une connaissance pénible. Les obus tombent sans discontinuer sur nos lignes, sur nos réserves, sur les ravins défilés où peuvent être parqués les animaux et surtout sur nos pièces de 75 dont le commandant est tué vers 15 heures. Nous attendons l'attaque d'infanterie. Par chance elle ne se manifeste ni de l'après-midi, ni de la soirée. La nuit paraît un peu plus calme. Les canons bulgares se sont tus. Il fait très froid, ceux qui ne patrouillent pas ou ne montent pas la garde, essayent de dormir enveloppés dans leurs minces couvertures. Depuis le 3, on s »est battu presque tous les jours et on a bivouaqué toutes les nuits. Le ravitaillement a été des plus irréguliers. On a passé des journées entières sans manger. On est bien fatigués, bien las. Et comme nous avons froid dans ces nuits anxieuses ! Car l'ennemi est là, sur nous. Lui échapperons-nous toujours ? Ne finira-t-il pas par nous submerger et par nous prendre ? En tout cas, ce ne sera pas encore pour aujourd'hui. Car à 3 heures du matin, l'ordre de repli arrive et, malgré que les Bulgares, alertés, nous accompagnent d'une pluie de balles, nous pouvons, suivant la manœuvre connue, nous rabattre sur Smokvica où on a creusé à notre intention quelques éléments de tranchées et où le 3ème bataillon est déjà en ligne depuis le 8 Décembre.
Date de création : 19/01/2013 ! 14:55
Dernière modification : 02/12/2013 ! 18:58 Catégorie : - Le 45e RI en 14-18 Page lue 3134 fois |