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EN GRECE

Smol compte trois maisons misérablement habitées et une cinquantaine de masures vides dont les ruines datent de la dernière guerre gréco-turque. Et c'est pourtant le premier bon souvenir de ce dur mois de Décembre, car c'est la première fois qu'on a pu goûter un peu de tranquille repos.

Le 13 et le 14 Décembre, on reste en place. On dort, on paresse, on se lave, on s'épouille, on mange, on boit sans autre souci que les indispensables gardes de sécurité et les obligatoires corvées d'entretien

Mais, si intense que soit notre misère, nous n'avons pas un mauvais moral. Nous savons bien que ce que nous avons fait en Serbie ressemble fort à une épopée héroïque.

Nous nous sommes battus : nous n'avons jamais été battus.

Les Bulgares, à la ténacité et à la valeur militaire desquels nous devons rendre hommage, nous ont débordés d'un flot que nous n'avons pas pu endiguer. Mais jusqu'à la dernière minute, nous avons tenu. Nous leur avons opposé des poitrines où vibrait une âme sans défaillance. Jusqu'au bout, nous avons fait notre devoir.

Nous n'avons rien à nous reprocher.

Et, lorsque, passant dans la plaine de Smol, le Général Bailloud dit au Colonel: "Le 45ème est un régiment admirable, vos hommes se sont battus comme des légionnaires" nous savons, sans fausse modestie et sans stupide orgueil, qu'il ne fait qu'affirmer une vérité dont la réalité
nous tient chaud au coeur.

L'ordre du jour de la 1220 Division, du 13 Décembre, nous englobe dans les félicitations que lui adresse son chef, le Général GEROME :

"Les troupes de la 1220 D. I qui marchent sans arrêt depuis le 3 Décembre, ont arrêté les attaques de l'ennemi sur quatre positions successives, lui ont infligé des pertes sérieuses et ont pu, sans se laisser entamer, se dégager en bon ordre, le résultat obtenu, grâce à leur endurance, leur fait honneur et prouve qu'on peut compter sur elles en toutes circonstances."

Une satisfaction plus haute devait encore nous confirmer plus tard, la valeur de nos actions: le drapeau du 45ème inscrivait sur ses trois couleurs, à la suite de Lodi, de Friedland, de Magenta, de Solférino et de Picardie, le nom de "Demir-Kapu" pour magnifier sa résistance tout au long du, Vardar.

Nous n'étions pourtant pas au bout de nos peines.

Le 15 Décembre, on lève le camp vers 7 heures. Jusqu'à Karasuli, la piste que nous suivons n'est pas trop mauvaise. Mais le trajet s'effectue lentement à cause de fréquent à-coups, de piétinements sur place dûs, pour la plupart, à des troupeaux d'animaux qui coupent la colonne.
Les buffles, avec l'arc énorme de leurs cornes disproportionnées, suscitent toujours une curiosité étonnée.

De Karasuli à Amatovo, nous quittons la piste pour la voie ferrée et nous longeons les tristes marécages qui séparent le Vardar des lacs d'Ardzan et d'Amatovo. Ce sont de longs lacs, étroits et bas et, si I'on peut dire, sans relief. De faibles colines les bordent à l'est. Un ciel
lugubre éclaire un paysage affreux. Pas un arbre, pas une culture, pas une maison . Au crépuscule, cela devient sinistre, et d'une désolation angoissante. Nous sommes en plein marais paludéens, dans le pays de cette mort sournoise à qui l'armée d'Orient devra plus tard payer un

si lourd tribu.

D'Amatovo à Vardarovci, il n'y a plus de piste - et il pleut. Bientôt nous ne marchons plus que dans une rivière de boue et ct est dans la boue que nous dressons le camp, sans qu'il soit possible de faire du feu pour cuire les aliments : il n'y a pas un morceau de bois dans toute
la contrée.

La journée du 16 Décembre qui va nous mener de Vardarovci à Vatiluk restera dans notre souvenir comme une des plus pénibles que nous ayons vécues.

Il a plu toute la nuit. Nous partons à 8 heures du matin après avoir roulé nos toiles de tente traversées sur nos sacs et nos capots déjà dégoûtants d'eau. La pluis ne tombe pas, elle s'écoule inlassablement sur nous. On marche dans des terrains marécageux où l'on enfonce jusqu'aux genoux. Les pistes sont transformées en véritables rivières dans lesquelles on se déplace avec, parfois, de l'eau jusqu'au ventre. Les mulets refusent d'avancer après quelques heures de cette lutte forcenée· contre les éléments . Nous ne sommes pas sûrs, aux endroits difficiles, de n'avoir pas laissé quelques camarades enlisés ou noyés.

Notre marche est un effroyable calvaire. Notre bivouac sera plus cruel encore. Car, sous l'illusoire abri de nos tentes transpercées, nous devons coucher à même les flaques d'eau et, enveloppés dans nos capotes et nos couvertures ruisselantes comme un suaire humide et glacé,
attendre que paraisse l'aube du lendemain.

Heureusement, le 17 Décembre nous ramène le soleil. On a pu trouver un peu de bois dans Vatiluk et on allume de grands feux pour sécher les effets. Nous n'aurons pas, pour cette besogne, trop de la journée entière. Mais quand la nuit arrive, c'est avec des vêtements presque
secs qu'on va trouver le repos et le sommeil dispensateur du caIme et de l'oubli.

Dès le 18 Décembre, notre sort est définitivement fixé, conformément à l'ordre qui nous est transmis par l'Etat-Major:

"Les Armées Alliées vont se retrancher autour de Salonique sur la ligne golfe d'Orfano, lac de Langaza , Kara-Oglu, cours inférieur du Vardar"

.Pour le 45ème, il fera face à l'ouest, en bordure du Vardar et il organisera le camp retranché, sur la rive gauche du fleuve, de Doganzi jusqu' à Topcin.

Doganzi, Topcin, Gundular, le Ben Seki, Durmuslu surtout sont des noms et des lieux qui vont nous devenir familiers, car nous allons séjourner là pendant quatre mois et demi, exactement jusqu'au 5 Mai 1916.

 


Date de création : 19/01/2013 ! 14:58
Dernière modification : 03/12/2013 ! 18:27
Catégorie : - Le 45e RI en 14-18
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