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L'ETE DE 1916 -

Notre occupation des positions avoisinant le Mont Maurel commence par une série d'orages impressionnants. Le Kotza-Déré change soudain d'allure et ses quelques centimètres d'eau claire et limpide font place à un torrent de boue de plusieurs mètres de profondeur. Des hommes, des mulets sont noyés. Des arabas sont emportées dans le fleuve noirâtre qui coupe nos communications avec l'arrière. Le ravitaillement ne se fait plus.

Et soudain, la pluie s'arrête, le torrent de boue s'éooule et sur la nature dévastée le soleil recommence à luire.

Le thermomètre monte en flèche. Dans la journée, il fait normalement 40-45° à l'ombre.

Sans doute, nous avons touché des vêtements de toile kaki et des casques coloniaux qui nous permettent de lutter contre le dur soleil des jours.

Mais quand, avec une brusquerie sans transition, l'obscurité remplace la lumière, quand il serait légitime d'espérer de la nuit tombée quelque apaisante fraîcheur ,nous continuons à vivre dans une fournaise à peine attiédie. La température ne descend pas au-dessous de 32, parfois de 38. Le coeur continue à battre un rythme accéléré. La respiration reste courte et haletante. Et lorsque, rompus de fatigue, nous croyons pouvoir trouver enfin le repos du sommeil, un adversaire nouveau vient encore ajouter à nos misères.

Les moustiques nous assaillent en un bourdonnement continu. Leurs piqûres douloureuses nous les font chasser de nos mains et de nos figures où ils s'acharnent avec une inexorable constance et, quand le jour revient, nous avons bien souvent les joues couvertes du sang
des insectes écrasés pendant les courtes heures de nuit.

Ce n'est qu'assez tardivement qu'on nous distribuera des moustiquaires et aussi des pommades odoriférantes dont la senteur doit faire fuir les anophèles.

Mais ces précautions ne devaient pas empêcher l'irréparable : toute l'Armée d'Orient allait être infestée par le paludisme que les moustiques nous apportaient des marécages du Vardar.

.

A la visite du matin, les malades viennent de plus en plus nombreux. Ils ont le teint jaunâtre, les yeux creux et cernés d'hommes fatigués et privés de sommeil. Ils ont eu, dans la nuit, malgré l'horrible chaleur qui n'a pas cessé, des frissons incercibles, des frissons que n'ont pas vaincus les couvertures et les vêtements dont ils se sont enveloppés. Pendant des heures,ils ont grelotté, puis petit à petit, ils se sont sentis envahis par la fièvre. Maintenant, ils ont
39-39,5-40, parfois plus encore. Ils tiennent à peine sur leurs jambes.

On n'évacue pourtant que ceux dont l'aspect est le plus pitoyable ou la fièvre la plus élevée. Bien souvent on apprendra qu'il en est qui sont morts, en descendant du cacolet où on les avait transportés, à dos de mulet, côte à côte avec un camarade. Au bout du trajet caho-
teux et brisant qui les menait vers quelque infirmerie de l'arrière, ils avaient trouvé la fin des misères qui ruinaient leurs corps épuisés.

Pour ceux qui restent dans leurs compagnies, on leur distribue la quinine, médication spécifique de l'accès de paludisme, à des doses qui, réglementairement, ne doivent pas dépasser 50 à 75 centigrammes. Il faudra des morts innombrables pour que la haute Direction du Service
de Santé Militaire (dont il n'est que juste de dénoncer l'ignorance et l'impéritie) apprenne que, pour espérer quelque action dans la rémission des accès, il importe d'administrer des doses 4 ou 5 fois supérieures.

Mais on manque de médicaments et surtout de médicaments valables.

La quinine est de mauvaise qualité. Les ampoules injectables sont mal dosées ou mal stérilisées.

L'accès évolue donc spontanément: la température tombe d'elle-même au bout de quelques heures. Une sueur profuse couvre tout le corps et la fièvre, disparue jusqu'à l'accès suivant, laisse le malade prostré, anéanti, incapable des efforts que, malgré tout, on continuera à lui demander de fournir. Car la tâche est immense, toujours pareille et toujours nouvelle. Outre les reconnaissances et les occupations de terrain, il faut organiser les positions. Mais il faut surtout améliorer les communications avec l'arrière.

Qui ne se souvient de ces journées de terrassement dans l'ardeur implacable du soleil, sur des pistes qu'il fallait élargir, sur des chemins en corniche que la moindre surcharge faisait écrouler et qu'on devait rétablir tout de suite, sous peine de voir le ravitaillement
arrêté ?

On nous a adjoint des travailleurs civils pour nous aider dans notre besogne. Ils forment des équipes pittoresques, aux costumes originaux. Ils font vraiment bien dans le paysage. Mais c'est à peu près tout. Car pour le rendement effectif, autant n'en pas parler. Et c'est nous qui, finalement, devrons faire la plus lourde partie de leur tâche dans ces mois embrasés de l'été macédonien.

Mai - Juin - Juillet 1916 se passent dans ce travail ardu à la recherche du contact ennemi grâce à des avances successives. Ce n'est qu'au début d'Août que nous y parviendrons.

 

 


Date de création : 19/01/2013 ! 15:07
Dernière modification : 05/12/2013 ! 19:25
Catégorie : - Le 45e RI en 14-18
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