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Henri MOREL |
Article du Général MANGIN sur le combat de ONHAYE (Lectures pour Tous Février 1920) intitulé « LES QUATRES JOURNEES » Elles marquent ses 4 étapes dans le Généralat. Parti avec la 8ème Brigade (45e R.I & 148è R.I) au début de la campagne, il raconte ici l'attaque d'ONHAYE menée en particulier par mon bataillon (45è R.I 1er bataillon) Le 23 Août 1914 ma brigade est fort dispersée : 3 bataillons soutiennent les Belges à Namur (2e et 3e bataillons du 45e + 1 bataillon du 148e R.I) et nous battons en retraite avant que j'ai pu les rallier. Un bataillon est en soutien d'artillerie (1er bataillon du 45e) les deux autres en réserve dans la main du général d'Esperey qui commande mon Corps d'Armée (1er C.A) Le général d'Esperey me fait appeler vers 5 heures du soir « L'ennemi a passé la Meuse derrière ma droite et a repris Dinant. La division de réserve qui me gardait de ce côté a cédé du terrain. Partez sur le champ, vos deux bataillons vous suivants avec une brigade de cavalerie ; C'est le plus tôt possible qu'il faut rétablir la situation de ce côté … vous comprenez » Il s'agissait, en somme, d'empêcher l'armée Lanrezac d'être tournée, de boucher le trou qui se formait entre l'armée Lanrezac et l'armée de Langle de Cary, tout simplement. Une heure après, une bonne auto OPEL – prise aux boches huit jours auparavant par le 7e compagnie du 45e – conduite par Masse (de la 1ère escouade de ma compagnie) m'avait amené près du Commandant de ma Division. Ce vieux soldat d'Afrique faisait les cent pas le long d'une route, considérant avec un souverain mépris la chute des « gros noirs » … Auprès de lui, son E.M., abrité par son ordre dans un pli de terrain. La Division nouvelle, que je devais retrouver très bonne 2 mois plus tard, n'avait alors ni cohésion ni expérience. Il m'exposa comment elle s'était dispersée (51e de Bouttegourt – 245 RI – 201 – 287 ) à tel point qu'il n'avait plus de liaison avec sa 1ère brigade et avec la moitié de la 2ème. En somme, il n'avait plus en mains qu'un régiment, dont un seul bataillon intact ; « Et encore, je ne puis répondre de celui là. Il faudrait un noyau solide, après ce qui vient de se passer. Ah ! Si j'avais un ou deux de mes bataillons de vieux légionnaires ... » « Je vous amène deux bataillons tout aussi bons, lui dis-je. Une brigade de cavalerie va éclairer la situation : nous marcherons avec nos deux bataillons et votre bataillon suivra. Et, tout d'abord, ONHAYE est-il occupé par les boches ? J'ai étudié cette question le 16 Août. Ce village est la clé de tout et tient, sans conteste possible, BINAUT et HASTIERES, donc tous les passages de la Meuse derrière notre droite. Mais il faut aller vite, reprendre le contact et arrêter l'ennemi avant la nuit. Je lance des escadrons de découverte, car personne ne sait rien sur l'ennemi, sinon que ses projectiles arrivent faisant des gerbes noires de 6 à 8 mètres de haut, avec un bruit affreux. » Trois escadrons lancés en fourragères nous montrent que l'ennemi n'a encore que quelques patrouilles dans la plaine devant nous. Les cavaliers atteignent ONHAYE, le dépassent puis reviennent rendre compte. Mais ils commettent la faute de n'y laisser personne. Le temps presse. Nos deux bataillons sont arrivés. Je fais mettre en route tout ce que je rencontre. Nous marchons tout près de l'avant -garde. Tout d'un coup, vive fusillade aux lisières. Évidemment, l'ennemi a fait le mort et s'est caché dans les maisons pour laisser passer les cavaliers. Le bataillon de réservistes se terre et mon bataillon de tête pousse de l'avant. Après quelques hésitations, je crois la poire mure et fais sonner la charge. Mais c'était un peu tôt. Il faut pousser son monde. Certaines « fractions » flanchent. Mes cavaliers ont disparu, sur lesquels je comptais pour menacer les derrières de l'ennemi que je crois peu nombreux. C'est en poussant nous même les premiers tirailleurs que nous emportons les premières maisons. Par exemple, l’élan est donné et ils vont d'une traite à l'autre bout du village. Là une section de mitrailleuses les arrête. La nuit vient. C'est tout de suite la contre attaque assez vive. Le village a été incendié. Les hommes tout à fait partis chantent la Marseillaise pour se reconnaître entre eux et par enthousiasme. Le général d'Esperey arrive en auto au milieu d'un désordre affreux. Il est content mais me défend de pousser sur DINANT comme je le voulais. Les ordres de l'Armée sont formels : il faut retraiter demain, ce qui se fera assez facilement car notre coup de boutoir a inspiré une extrême prudence au corps Saxon qui l'a reçu. On se rallie méthodiquement. Nous passons la nuit sur des « grabats » Le village a été exclusivement pillé ; le cadavre du Bourgmestre gît dans sa maison, son coffre fort défoncé. Le combat resta homérique dans l'imagination des soldats. Le brusque changement de situation, cette attaque improvisée, ces chants hurlés dans la nuit, au milieu de l'incendie, tout cela les avait fortement saisis.
Date de création : 16/11/2014 ! 21:57
Dernière modification : 16/11/2014 ! 21:57 Catégorie : - Le 45e RI en 14-18 Page lue 3635 fois |