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Une Division française à la bataille de Dobropolié; (15 septembre 1918)

L'attaque du régiment de droite, 45° R. I.

Nous arrivons maintenant à l'action du 45° régiment d'infanterie (2), corps méritant une mention spéciale d'abord parce que ses trois bataillons ont été engagés, chacun avec une mission particulière, ensuite, et surtout, à cause de son objectif principal, le Dobropolié.

Dans cette région, la lutte se révèle sur le champ acharnée; la résistance très sérieuse; on sent que les Bulgares comprennent l'importance de cette position pour la solidité de leurs lignes et quelles conséquences désastreuses entraînerait l'occupation du massif par les Alliés : ce serait la chute certaine du Sokol et d'une partie de leurs organisations à l'ouest de cette montagne; ce serait, par suite, une menace de mouvement débordant dangereux pour leur deuxième et dernière position du Koziak.

Aussi, au milieu de défaillances assez nombreuses,

(1) Voir Revue d'Infanterie des J;.¡)Aet.l:' décembre 19?4.

(2) L'étude des opérations du 45" régiment d'infanterie, durant la journée du 15 septembre 1918, a été facilitée par des documents que l'auteur a reçus du lieutenant-colonel Clément, des commandants Ricard, Jaubert et Gay; du capitaine Justamon; les lieutenants Voegeli et Cantrelle, commandant respectivement le 45' régiment d'infanterie, les 1", 2* et 3" bataillons, les lU, 6' et 10° compagnies et par le capitaine Marcq, adjoint au colonel, durant la bataille du Dobropolié. Il n'a pas été possible d'entrer dans les détails pour les autres unités du régiment, faute de documents provenant des commandants des compagnies intéressées.

Croquis . — Déploiement du 45* R. I. en vue de l'attaque.

45eRI_Attaque_Dobro_Croquis_01.jpg

verra-t-on se produire dans ce secteur de véritables actes d'héroïsme. Citons simplement, comme exemple, ce groupe de mitrailleurs qui, au sud du Dobropolié, résisteront à toutes les attaques et se laisseront carboniser sur place par des lance-flammes plutôt que de se rendre.

Avant d'entrer dans les détails, rappelons que le 456 régiment d'infanterie a trois groupes d'objectifs répartis entre ses bataillons (1) : dans le sens du front, à gauche, la partie orientale du quadrilatère du Dobropolié, à droite la Courtine et le Kotka nord, les deux groupes étant séparés par le ravin d'Yélenski; en arrière, la Charnière (1765) et la crête qui s'en détache vers l'est.

Le 3e bataillon et le 2e sont en première ligne; le 1er qui a l'objectif le plus éloigné est en deuxième position derrière le 3e. Chacune de ces unités, bien orientée par le commandement, pleine d'entrain, attend avec impatience le moment de remplir sa mission.

Quelques minutes avant 5 heures, l'artillerie annonce le moment de l'assaut par un violent tir exécuté par des pièces de tous calibres et, à 5 heures précises, commence le barrage roulant.

ENLÈVEMENT DU DOBROPOLIÉ PROPREMENT DIT (PARTIE DROITE DU QUADRILATÈRE) PAR LE 3e BATAILLON (2).

- PLAN D'ENGAGEMENT.

Le bataillon, engageant deux compagnies (11e et ge) et conservant la 10e en soutien, attaquera de front les trois pilons P8' Po (3), puis P10) qui constituent ses objectifs; dans chaque unité d'assaut, les fractions de deuxième ligne, disposées en petites colonnes, se tiendront prêles à tourner les positions que l'attaque frontale ne parviendrait pas à enlever. Pendant ce temps, la compagnie de soutien aura une double mission; d'abord, assurer la liaison avec le 84e régiment d'infanterie à gauche; ensuite, déborder le Dobropolié par la droite, si cette opération devient nécessaire. Aussi placera-t-elle tout son effectif, sauf une section, derrière la compagnie d'attaque de droite. L'action du bataillon se développera entre le ravin de la Crique et le boyau aboutissant à la dépression située entre Pioa et Pj0, d'une part, et une ligne fictive, de direction sensiblement sud-nord, courant sur les pentes orientales du Yélenski Potock, à 100 mètres environ du fond du ravin, d'autre part. Les deux compagnies d'assaut auront comme limite commune la ligne marquée par l'arête nord-sud partant du sommet du Dobropolié et par le fond de la dépression existant entre P8 et P9Mission des différentes unités. — L'unité de gauche s'emparera successivement de P8, puis du col situé à l'est de PlUa ainsi que des pentes occidentales du Dobropolié. Celle de droite occupera P9, puis P10 et cherchera à faire enlever par des fractions les batteries signalées au nord du massif proprement dit; durant toute l'opération, elle restera en liaison avec le 2e bataillon qui attaquera au même moment la Courtine et le Kotka nord. La compagnie de soutien, en dehors de son rôle spécial de liaison et de couverture sur les deux ailes, rôle déjà indiqué, constituera une réserve à la disposition du commandant du bataillon.

Dispositif d'attaque. — Deux compagnies en première ligne et la compagnie de soutien marchant derrière la compagnie de droite (sauf une section détachée à gauche). Chaque unité d'assaut se fractionnera en deux pailies : d'abord deux sections formeront deux vagues composées, dans chacune d'elles, l'une d'escouades déployées, l'autre de colonnes d'escouades par un placées derrière les flancs de la première; ensuite marcheront deux sections en ligne de demi-sections par un, à très grands intervalles. Enfin, à 100 mètres de ces dernières fractions, la compagnie de soutien aura ses sections en ligne de demi-sections par un et échelonnées en arrière et à droite de la 9e compagnie.

Durant la préparation d'artillerie, les éléments, occupant la parallèle de départ située à faible distance de la ligne ennemie, évacueront momentanément leurs positions et se retireront dans les replis du terrain ou derrière les rochers, pour être à l'abri du tir de nos pièces.

Le jour de l'attaque, à 3 heures, les unités d'assaut prendront place dans la tranchée de départ, les 4 sections déployées, celles de soutien à droite des autres.

La durée mise par les unités de la première vague pour franchir les réseaux donnera la distance à conserver par les soutiens.

La compagnie de mitrailleuses aura deux missions à remplir : d'abord, participer à la couverture des flancs en faisant marcher une section avec chacune des fractions de l'unité de soutien chargées de cette protection, c'est-à-dire à l'extrême-gauche et à l'extrême-droite du front; ensuite, former une réserve de feu à la disposition du chef de bataillon; à cet effet, les deux sections, restant, seront formées en ligne de colonnes par pièce suivant chacune des sections disponibles de la compagnie de réserve.

45eRI_Attaque_Dobro_Croquis_02.jpg

Progression. — La progression se fera sous la protection du barrage roulant, qui se déplacera à la vi-

tesse de 100 mètres en quatre minutes. Aucun arrêt, autre que ceux causés par les incidents de la lutte, ne sera marqué avant l'objectif final du bataillon; aussi les différentes fractions des unités d'attaque ne s'occuperont-elles en aucune façon de l'alignement et, par suite, elles ne ralentiront pas leur avance, si une résistance plus sérieuse immobilise momentanément une fraction voisine. Les compagnies d'assaut ne devront pas non plus procéder au nettoyage de la ligne P8, P9; cette dernière tâche incombe à deux sections du bataillon de deuxième ligne, sections qui, accompagnées d'un appareil lance-flammes, marcheront à la suite de la deuxième vague, derrière chacune des unités d'attaque. Le nettoyage des organisations de l'objectif final sera assuré par le bataillon lui-même, aidé de deux lance-flammes.

Jalonnement de la ligne et liaisons. — Le jalonnement de la ligne sera indiqué soit par des feux de bengale blancs, soit par des panneaux individuels rapprochés deux par deux et agités; ce renseignement sera fourni lorsque l'avion d'infanterie de la division, survolant le terrain en allant de l'est vers l'ouest, en fera la demande en lançant une fusée rouge vers le sud, c'est-à-dire dans la direction de sa gauche.

Les liaisons sont assurées dans l'intérieur du bataillon ou avec les fractions voisines au moyen de coureurs; avec le colonel, par téléphone, à l'aide d'un poste mobile marchant avec le chef de bataillon et déroulant un fil pendant l'avance, si la chose est possible; avec l'artillerie, par fusées et signaux convenus. Enfin.

dès l'arrivée sur la position, un poste de T. S. F. et un poste optique seront installés.

Après l'enlèvement de l'objectif, le terrain conquis devra être conservé à tout prix; à cet effet, il sera or-

ganisé face au nord-ouest, avec couverture en avant du front et liaison avec les fractions voisines.

ATTAQUE DU KOTKA ET DE LA COURTINE. - PLAN D'ENGAGEMENT.

Dans le secteur de droite du régiment, le terrain est moins coupé, moins difficile comme aussi la position ennemie moins dominante. C'est le bataillon Jaubert (2e) qui est chargé de l'attaque, sous les ordres directs du colonel commandant l'infanterie divisionnaire.

Cette unité a pour mission d'enlever le Kotka nord (1850) et les organisations établies sur la crête de la Courtine; puis une compagnie, renforcée par une section de mitrailleuses, couvrira sur sa droite le 1er bataillon, lorsque cette unité marchera sur l'objectif final du régiment, la cote 1705 (la Charnière). Pendant cette dernière partie de l'opération, la liaison de la 122e division d'infanterie avec la 17e division d'infanterie coloniale sera assurée par un peloton du 2e bataillon, peloton qui, passant à l'ouest du rocher de Testerasti Kamen, prendra comme point de direction le point A (800 mètres à l'est de 1765) (1). Les limites de la zone d'action du bataillon sont : à gauche, une ligne fictive courant sur les pentes orientales du Yélenski Potock et à 100 mètres du fond du ravin; à droite, une ligne partant du ravin de Katounats, passant à l'ouest de Testerasti-Kamen et aboutissant entre 1765 et Kravitza, à mi-distance environ entre ces deux points (point A.). Les secteurs des deux compagnies chargées de l'attaquee (5e et 7e) sont limités dans la position ennemie par le boyau auquel aboutit l'ancienne tranchée

serbe (Tr. Start) 

45eRI_Attaque_Dobro_Croquis_03.jpg

Dans les limites ainsi fixées, chacune de ces unités s'emparera des organisations adverses et s'y installera de façon à résister à toute contre-attaque; elles prendront des mesures pour assurer la liaison avec les troupes voisines, d'une part, avec le 38 bataillon, de l'autre avec la 17e division d'infanterie coloniale. Elles attaqueront par pelotons accolés et, dans chaque peloton, par sections successives; pour toutes deux, la vague d'assaut sera constituée par une section en deux groupes de combat déployés. Dans les deux unités, une demi-section sera conservée comme troupe de renfort et sera suivie elle-même d'une demi-section de nettoyage fournie par la compagnie de réserve (6e compagnie).

Celle-ci occupera la tranchée de départ jusqu'au moment où les compagnies d'assaut marcheront sur la deuxième ligne bulgare; elle occupera alors, avec deux sections, les premières tranchées enlevées, la 3e section se tenant prête à arrêter toute tentative de contreattaque venant du Dobropolié; la compagnie gagnera cette nouvelle position en ligne de demi-sections par un. Dans la deuxième partie de l'opération, après le franchissement de ligne, elle sera sous les ordres du commandant du 1er bataillon et aura pour objectif la partie de la crête de la Charnière située à 400 mètres environ à l'est du sommet 1765; son mouvement sera relié à celui de la gauche de la 17e division d'infanterie coloniale par un peloton de l'unité de droite du 26 bataillon.

La compagnie de mitrailleuses, avec trois sections placées l'une au centre, les autres aux deux extrémités du secteur, facilitera le débouché des troupes d'as-

(1) Cette tranchée est celle qui, partant au nord de P.A (carte n" 5), semble réunir les positions françaises et bulgares.

saut en tirant sur les créneaux de mitrailleuses ennemies reconnues ou en balayant la crête jusqu'au moment où l'infanterie abordera les positions adverses.

Les trois sections se porteront alors en avant et prendront position de façon à remplir la deuxième partie de leur mission : celle de gauche, se tiendra prête à repousser toute contre-attaque qui déboucherait du Dobropolié; puis, à partir de If + 1 h. 30, elle constituera une réserve à la disposition du chef de bataillon; les deux autres poursuivront de leurs feux les éléments ennemis en retraite et exécuteront ensuite un barrage sur la crête de la Charnière pendant l'opération de la 6e compagnie (Lieut. Voegeli), tout en flanquant la face nord de la position conquise.. La section de mitrailleuses de réserve, placée d'abord dans le boyau de la 2e ligne, remplacera la section de droite lorsque celle-ci se portera en avant, puis elle marchera avec l'unité chargée d'attaquer la partie droite de l'objectif final.

Le canon de 37 aura un rôle de surveillance et de flanquement : il détruira ou neutralisera toute mitrailleuse qui se dévoilerait sur les pentes sud-est du Dobropolié pendant l'attaque de l'objectif intermédiaire; puis il flanquera la face septentrionale de la Courtine, tout en se tenant prêt à contrebattre toute mitrailleuse, qui gênerait le mouvement de la compagnie Voegeli.

Les canons Brandt, enfin, après avoir exécuté « un tir de harcèlement sur le saillant du Kotka » pendant la nuit précédant l'attaque, s'installeront dans la position conquise pour faire barrage en avant du versant septentrional.

Les hommes partiront avec un repas froid, un jour de vivres de réserve et 2 litres d'eau. Le réapprovisionnement en eau sera assuré au moyen des mulets que l'on amènera le plus près possible de la ligne, puis par les cuisiniers pour les 5e et 7e compagnies; pour la 6e

compagnie, ce sera la section de ravitaillement qui sera chargée de ce service.

Un système très complet de liaisons (optiques, électriques et par fusées) mettra en relations les unités du bataillon et leur chef avec tous les organes qu'ils doivent renseigner ou dont ils peuvent attendre une aide.

En particulier, un détachement d'artilleurs, commandé par un officier et muni de tout le matériel nécessaire, reliera le chef de bataillon à l'artillerie qui a mission de l'appuyer (1). Enfin, la 6e compagnie sera accompagnée dans son mouvement en avant par un poste de pigeons voyageurs.

Pour le jalonnement de la ligne, les directives sont les mêmes pour tous les bataillons.

Le commandant Jaubert se tiendra : avant l'attaque, au saillant droit du secteur; après la prise de l'objectif intermédiaire, il installera son P. C. au sommet 1850 (1824).

Lorsque le 45e régiment d'infanterie aura occupé tous ses objectifs, le 2e bataillon « organisera la crête frontière en centre de résistance face à l'ouest » avec 2 compagnies en lre ligne et 1 en soutien; chaque compagnie de pe ligne créera un point d'appui.

Conformément à ces ordres, les bataillons de première ligne sont en place dans les parallèles de départ au moment où approche l'heure de l'attaque. A 5 heures, ils quittent tous deux leurs tranchées.

ATTAQUE DE L'OBJECTIF INTERMÉDIAIRE. - EXÉCUTION.

45eRI_Attaque_Dobro_Croquis_04.jpg

Portion de droite (Dobropolié). — Les vagues d'assaut du bataillon Gay (2) franchissent rapidement les

(1) Ce détachement de liaison se composera de : un officier, un sous-officier, cinq téléphonistes avec un appareil téléphonique, cinq kilomètres de fil, un projecteur de 24.

U) Voir cartes n" 4 et 5.

défenses accessoires françaises' et se portent sur les lignes ennemies en dépit du barrage adverse qui fait subir quelques pertes (1).

La compagnie de gauche s'empare sans trop de difficultés de son objectif particulier P8, mais celle de droite se heurte à la défense acharnée de la garnison de P9 et surtout des mitrailleurs installés dans la partie nord du centre de résistance, appelé « le Trapèze ».

Le commandement est obligé de faire appel à des lance-flammes pour avoir raison du nid de mitrailleuses; les servants et leurs chefs se laissent brûler près de leurs pièces sans se rendre. La position est occupée en entier à 5 h. 45. Le 3e bataillon poursuit aussitôt sa marche sur son objectif final et, pour cela, descend dans la dépression située au nord de P8 - P9; en traversant ce couloir, il est soumis à un feu violent provenant des lignes étagées du Dobropolié, tandis qu'un barrage assez dense d'obus de tous calibres et de tous genres l'atteint et que des mitrailleuses en batterie dans la tranchée de Prilepats (crête de la Courtine) prennent sa droite à partie. Ce dernier tir, particulièrement gênant, cesse heureusement à la suite des progrès du bataillon de gauche. L'avance n'en est pas moins très ralentie, parce que la résistance se révèle plus vigoureuse, par suite de l'entrée en ligne de réserves ennemies. Enfin, la prise de la tranchée de Choumadia, sorte d'avant-ligne du centre de résistance créé au sommet même, permet d'organiser l'enlèvement de la position avec les compagnies d'assaut et l'unité de soutien (compagnie Cantrelle).

Celle-ci, qui a traversé, non sans difficultés, ni sans pertes, les différents barrages déclenchés sur nos li-

(1) Le chef de bataillon est grièvement blessé presque au début de l'attaque.

gnes de départ et sur les tranchées conquises, a commencé, à partir de la dépression séparant P8 - P9 de la seconde ligne, à déborder la position attaquée. Ce mouvement s'exécute en remontant le ravin Yélenski dont l'unité atteint la naissance au sud-est du sommet, juste - à temps pour repousser une contre-attaque locale et pour prendre part à l'assaut final.

Débordé à droite par cette unité, à gauche par des troupes venues du col situé entre PIOa et P10, l'objectif final du bataillon est occupé assez facilement à 7 h. 30.

D'après l'ordre d'engagement, les positions conquises devaient être occupées par deux compagnies, tandis que la 36 aurait été placée en réserve sur le versant méridional du Dobropolié. Mais les pertes subies, en hommes et en cadres, par certaines unités, obligent à abandonner ce dispositif, au moins jusqu'à ce que tout retoftr offensif ennemi ne soit plus à craindre. C'est ainsi que le lieutenant Cantrelle reçoit à 8 heures l'ordre de s'organiser sur le Dobropolié, face au nord-est et au nord, avec les sections qui lui restent et « les fractions de la ge compagnie où il ne reste plus un officier ». Peu de temps après, une contre-attaque, qui tente de déboucher des bois situés au nord de la position, est prise sous le feu des mitrailleuses du bataillon et de l'artillerie et. elle rentre en désordre sous le couvert.

A la fin de la journée, les unités du 3" bataillon occupent les emplacements suivants. : une compagnie avec deux sections de mitrailleuses au sommet même en liaison avec le bataillon Jaubert sur la route allant de Lokva-à la Charnière; un groupement de même force en ligne à gauche sur les pentes du Dobropolié et dans le col situé à l'est de Pi„a, en liaison avec le 84"; la 3e en réserve vers le col yougo-slave.

ATTAQUE DU KOTKA NORD (1). - EXÉCUTION.

Le bataillon, chargé d'opérer à l'aile droite du régiment, est favorisé par les circonstances et le terrain sur une partie de son front, et, par suite, atteint ses objectifs plus rapidement que son voisin, La ligne de départ du bataillon Jaubert se trouve, dans sa partie droite, à 60' mètres des tranchées ennemies; en raison de la forme générale du front français, les unités d'assaut de l'aile droite constituent donc, par rapport aux troupes marchant sur le Dobropolié, un échelon en avant et à droite.

L'action de ces compagnies, heureuse en définitive pour toutes deux, obtient tout d'abord .des résultats très différents.

La compagnie de gauche (la 5e) atteint très facilement ses objectifs ; en moins de cinq minutes, la tranchée de première ligne bulgare est occupée malgré les nids de mitrailleuses et les grenadiers ennemis. La troupe d'attaque continue ensuite sa progression vers lé nord-est, en laissant aux détachements de nettoyage le soin de réduire les centres de résistance (tranchées de Prilepatz et Yaster-Rog) (2) encore debout et arrive sur les derrières de la position, après avoir repoussé deux contre-attaques débouchant par les boyaux latéraux. A 6 heures, tout est terminé dans cette partie du secteur.

Le combat est beaucoup plus violent, et plus coûteux à l'aile droite. La vague d'assaut vient se briser sur les défenses accessoires renouvelées durant la nuit ou incomplètement détruites et défendues par un ennemi nombreux et décidé à résister jusqu'à la der-

(1) Voir cartes n" 3 et 5.

(2) Ces tranchées sont situées immédiatement au nord du point ou aboutit l'ancienne tranchée serbe Start.

nière extrémité; grenadiers et mitrailleurs adverses font de sérieuses trouées dans les rangs des assaillants, qui sont obligés de revenir à la parallèle de départ. Dans un deuxième assaut, le peloton de gauche parvient à prendre pied dans la position et engage une lutte acharnée à la grenade et au couteau avec les défenseurs. La colonne de droite est de nouveau repoussée. Le commandant de la compagnie, voulant aboutir coûte que coûte et ne disposant plus que d'un effectif infime, se met à la tête de sa liaison, renforcée par celle du chef de bataillon, et réussit à pénétrer dans le saillant du Kotka nord; un combat de boyaux assez dur s'engage entre la vingtaine de combattants qui restent et l'ennemi très supérieur en nombre; la victoire reste enfin aux assaillants et la garnison, forte environ de 200 hommes, est faite prisonnière; il est 6 h. 30. A 7 heures, les deux compagnies d'assaut s'organisent face au nord sur les positions conquises et se couvrent par des patrouilles sur le versant descendant vers la cuvette du Dobropolié.

Peu après, la compagnie de soutien passe sous les ordres du commandant du 1er bataillon, chargé d'enlever la Charnière, et reçoit la mission de prolonger vers l'est le front de cette unité, puis d'attaquer la partie occidentale de la crête 1765 - Kravitza.

Le peloton, ou plutôt ce qui reste du peloton, destiné à assurer la liaison avec la 176 division d'infanterie coloniale, est mis à la disposition du commandant de la compagnie de gauche du 1er régiment d'infanterie coloniale, pendant la progression vers l'objectif final.

Durant cette seconde partie de l'opération, le 2e bataillon a l'occasion de faciliter la prise du fortin (Stavra) situé entre le Dobropolié et la Charnière, en fai-

sant battre cet ouvrage par son canon de 37 en batte-

rie au sommet 1850.

La journée coûte assez cher au bataillon Jaubert : 2 officiers et 16 hommes tués; 5 officiers et 88 hommes blessés (1). Mais le succès remporté est important : en dehors de 300 prisonniers, un butin considérable reste au pouvoir des unités victorieuses (2).

Avant d'étudier l'attaque de l'objectif normal 1765 crête de la Charnière, il semble intéressant de noter une particularité de l'opération exécutée contre la position Kotka - la Courtine.

Comme on peut le .remarquer sur les différents croquis du front, la partie droite du secteur d'attaque (celle du 45e régiment d'infanterie) contenait deux saillants : celui de P8 - P 9 et celui du Kotka (3). A priori, il semblait très dangereux et même vain de tenter, sans précaution préalable, une attaque sur le rentrant de la Courtine : engager une troupe entre ces deux mâchoires de feux paraissait une folie, Aussi le projet d'engagement, établi au mois d'août par l'étatmajor de la division, prévoyait-il que l'attaque de la ligne Dobropblié - la Courtine - Kotka, ne serait déçlenchée que dix minutes après les autres attaques, c'est-à-dire après l'enlèvement du saillant P8- P9.

Cette prescription fut modifiée par la suite et l'opération commença à la même heure pour toute la première ligne. Contrairement à la croyance générale, la 5e compagnie enleva rapidement et sans grandes pertes toute la position de la Courtine. Ce succès permit

(1) Les pertes à l'attaque du Kotka même se sont élevées à 4 officiers, dont 1 tué, 1 aspirant tué, 60 hommes tués ou blessés.

(2) Dans le matériel enlevé, on trouve 4 canons et 1 mortier de

120, 2 canons de 37, 1 minenwerfer de 190 et 4 de 77, enfin 5 mitrailleuses.

(3) Voir carie n° 5.

de prendre à revers les défenseurs du Kotka, puis de faciliter l'occupation du Dobropolié, en menaçant les communications de la garnison; enfin, par voie de conséquence, de provoquer l'évacuation du Sokol. De l'avis des exécutants, l'attaque eût été beaucoup plus pénible et plus coûteuse, si les premiers ordres avaient été maintenus.

On peut se demander pourquoi, au mépris de toutes les règles de la guerre de positions, la conquête de ce rentrant a été relativement si facile : il semble bien que les motifs sont d'ordre moral. La position, considérée par l'ennemi comme une poche parfaitement défendue par les deux saillants, avait été un peu sacrifiée en faveur du Kotka et de P8 - P9. Sur ces deux dernières positions, les Bulgares, en effet, avaient sérieusement augmenté la force naturelle de résistance de l'ensemble et accumulé les moyens de défenses : tranchées profondes de lm,80 à 2 mètres et souvent creusées dans le roc; résëaux de fil de fer renforcés; tir des lance-mines et de l'artillerie réglé d'avance pour faire, en cas d'alerte, de la contre-préparation et de l'interdiction en avant du front.

ENLÈVEMENT DE LA CHARNIÈRE ET DE LA CRÊTE QUI S'EN DÉTACHE. — EXÉCUTION.

La dernière partie de l'opération du 45e régiment d infanterie présente un caractère très différent de celui des deux autres, car, en raison du terrain, les troupes d'assaut ne peuvent attaquer que sur un front très étroit.

Rappelons que c'est le 1er bataillon qui a reçu la mission d'enlever l'objectif normal du régiment, objectif constitué par la côte 1765 et la crête de la Char-

nière jusqu'à 800 mètres environ à l'est du sommet (1); cette opération doit être exécutée après l'occupation de l'objectif intermédiaire par les deux autres bataillons.

Plan d'engagement. — Ayant pris position dans les tranchées de deuxième ligne pendant la nuit précédant l'attaque, il se portera en avant quand les derniers éléments du 3e bataillon auront quitté la parallèle de départ et franchira cette ligne sans s'y arrêter.

Dispositif de marche. — Deux compagnies, la 3e, encadrée par deux sections de mitrailleuses (à gauche), et la pe, seront en première ligne; la 2e marchera derrière l'unité de droite et sera suivie, à partir de P9, par l'autre peloton de mitrailleuses qui, jusqu'à ce moment, aura protégé la sortie des 2e et 3e bataillons.

Chaque unité sera formée en « colonnes doubles de demi-sections », les sections étant elles-mêmes « disposées en colonne double d'escouades par un »; les distances et les intervalles devront être calculés pour un déploiement laissant au moins un mètre entre chaque tirailleur, Dans les compagnies, les sections seront en échelon, la gauche en tête pour les unités de droite, la droite en tête pour les autres, Itinéraire, — La 3e compagnie avancera par les pentes sud-est du Dobropolié, tandis que la lre et la 2e, en échelon refusé vers la droite, suivront la rive gauche du ravin Yélenski. La progression se fera dans cette formation jusqu'au moment où le bataillon, étant arrivé derrière la 3e, installé sur la position du Dobropolié, devra effectuer un passage de ligne pour rem-

(1) Voir cartes n0' 3 et 5 du numéro de décembre et photographies 2, 3 ci-jointes.

Boyau Bulgare Bulgare. La Charnière ayant servi C.,ette de Fortin Cote 1764. à la progression. Dohropolié.

Vue prise de la courtine (Est du Pic de Dobropolié), face au Nord.

Cette vue représente le terrain qu'avait à franchir le 1» bataillon du 458 R. I. pour arriver à la Charnière Le Fortin Bulgare qui on louve la progresion est indiqué sur la photo. Il fut contourné .ar la gauche par la 1" compagnie qui progressa par le boyau et les trous d'obus.

Nids de mitrailleuso du fortin Bulgaro de la crête frontière.

Schéma n° 8.

plir sa mission; l'heure fixée pour cette dernière opération est H + l h. 30, c'est-à-dire 7 heures, à moins d'un « décalage d'horaire d'une demi-heure, demandé avant 7 heures par fusée ».

Formation du 1er bataillon pour l'attaque de la Charnière (voir schéma 8 ci-joint). — Les places respectives des compagnies resteront les mêmes que dans la marche d'approche; mais le bataillon affectera la forme d'un losange, la 6e compagnie constituant le sommet de droite.

La lre compagnie, tête du dispositif, a pour objectif la cote 1765 (la Charnière) ; elle opérera avec une section sur la crête frontière, une à l'ouest et deux à l'est, sur les pentes descendant vers la cuvette du Dobropolié. La 39, en échelon refusé vers la gauche, constituera, avec deux sections de mitrailleuses, une sorte de flanc-garde. La 68, qui doit enlever la crête de la Charnière, marchera en arrière et à droite de la lro; en raison du terrain très découvert sur lequel elle de-

vra évoluer, cette unité progressera en colonne double disposée ainsi qu'il suit : colonne de droite, une section, suivie d'une section de mitrailleuses, ayant une escouade de grenadiers-voltigeurs comme soutien; colonne de gauche, deux sections moins une escouade de grenadiers-voltigeurs; les sections de tête marcheront en ligne d'escouades par un, avec 20 pas d'intervalle entre les escouades et 40 entre les sections; la 3° , sera aussi en ligne d'escouades par un, à 80 mètres de la section de gauche, avec 30 mètres d'intervalle; la section de mitrailleuses marchera à hauteur et à 40 mètres à droite de la section de queue; la dernière section de la compagnie, qui a fourni aux unités d'assaut de la Courtine et du Kotka des fractions de nettoyage, constituera la réserve du commandant de la compagnie.

La 26 compagnie, enfin, formera réserve du bataillon et constituera les détachements chargés du nettoyage de la ligne P8 - P9.

Le peloton de canons Brandt et le canon de 37 marcheront sur le versant occidental de la crête en arrière de l'unité de gauche.. Ils auront pour mission de seconder les fractions qui, éventuellement, seraient chargées de faire un barrage face à l'ouest et au nordouest.

Occupation de la position. - Après avoir enlevé son objectif, le bataillon s'y retranchera en maintenant en ligne les 36 et 1re compagnies et trois sections de mitrailleuses. La 28 et une section de mitrailleuses resteront en réserve, prêtes à s'opposer à toute contreattaque, jusqu'au moment où les unités françaises' auront été dépassées par les troupes serbes chargées de l'exploitation du succès. La 3e compagnie occupera les pentes occidentales et septentrionales de la cote 1765; la lre tiendra la crête de la Charnière; lés trois sections de mitrailleuses, placées deux aux ailes et la troisième au centre, « feront barrage, celle de gauche vers l'ouest, celle du centre vers le nord, celle de droite vers le nord-est ».

La vitesse de progression jusqu'au Dobropolié et après le franchissement de ligne sera de 25 mètres à la minute.

Jusqu'à la position intermédiaire, le commandant du bataillon avec la liaison marchera derrière le dispositif de droite; pendant l'attaque de la Charnière, il se tiendra sur le versant oriental de la crête frontière et parallèlement à cette crête. Enfin, -son P. C., après l'enlèvement de l'objectif, sera à 200 mètres au sud de la cote 1765.

ATTAQUE DE LA COTE 1765 (LA CHARNIÈRE) ET DE LA CRÈTE QUI S'EN DÉTACHE A L'EST.. — EXÉCUTION.

Conformément au plan d'engagement, le 1er bataillon (bataillon Ricard) part de la deuxième ligne française au moment où le bataillon Gay a complètement abandonné la tranchée de départ et il se met en mesure de suivre le mouvement en avant, aussitôt après l'occupation de P8 et de P9. Durant sa progression vers P9, il traverse, non sans pertes, un barrage très nourri exécuté par des batteries de tous calibres à l'aide de projectiles de tous genres et en particulier d'obus à gaz. Arrivé derrière P9, il marque un temps d'arrêt sur le versant oriental pour regrouper ses unités, désorganisées en partie, puis il franchit le ravin séparant la première ligne du Dobropolié, ravin « plein de gaz jusqu'à mi-pente et battu par des mitrailleuses ennemies tirant de la direction du Sokol ».

Par suite de toutes les difficultés rencontrées, il n'arrive qu'à 7 h. 15 sur la ligne Pio-la Courtine, à la naissance du ravin Yélenski. Or, le plan d'engagement, on l'a vu, avait fixé à H + l h. 30, c'est-à-dire 7 heures, le franchissement de ligne, et il avait prévu qu'un décalage d'horaire d'une demi-heure pourrait être demandé, en cas de besoin. Les circonstances ayant empêché ou fait oublier cette prescription essentielle, le barrage roulant, destiné à faciliter le débouché et la progression du 1er bataillon, avait commencé à l'heure dite et, maintenant, était éteint. En dépit de cette circonstance défavorable, le bataillon Ricard prend, en arrière de la crête, sa formation de combat et tente de sortir des lignes conquises; mais, dès que ses têtes de colonnes paraissent, elles sont accueillies par des feux croisés de mi-

trailleuses installées, d'une part, dans un formidable réduit (Stavra) situé sur la crête frontière, à 600 mètres de la Charnière, et constitué par un amas de rochers organisé; d'autre part, sur le mouvement de terrain partant de la cote 1765, entre le sommet «t le point A (ouest de Kravitsa). De plus, des batteries lourdes et de campagne contribuent efficacement à la défense du secteur en faisant, en avant de Stavra, un violent barrage.

La lre compagnie, dont l'axe de marche est l'étroite arête reliant le Dobropolié à la cote 1705 et qui, par suite, aura le rôle le plus important, est la seule à pouvoir avancer, sans trop de difficulté, au début de l'opération. Mais elle ne peut le faire qu'en utilisant les trous d'obus et surtout le boyau existant sur la crête frontière et la progression s'effectue « très lente, par infiltration ou par groupe », car le boyau est enfilé par le tir des mitrailleuses du fortin comme de la.

Charnière, et en partie bouleversé. Elle arrive ainsi jusque vers 608, grâce à la protection de notre artillerie.

A partir de ce point, la résistance devient plus sérieuse encore et exige l'exécution d'une nouvelle attaque, avec préparation d'artillerie. Tout d'abord, un « tir de démolition », déclenché à 10 h. 15, n'obtient pas grands résultats, car les- coups sont en général trop courts. Le lieutenant-colonel Clément, commandant le 45e régiment d'infanterie prend alors la direction de l'opération et le fortin est l'objet d'un bombar-

dement très nourri, exécuté, vers Il heures, par tous .les engins d'accompagnement du bataillon d'attaque renforcés par ceux du 3e (1) et appuyés par de l'artil-

(J) Le colonel commandant l'infanterie divisionnaire met aussi à la disposition du lieutenant-colonel Clément la batterie de Stokes dont il s'était réservé l'emploi.

lerie de campagne yougo-slave qui, « à toute allure, avec un beau mépris du danger, vient mettre en batterie au col à l'est du Dobropolié »; en. même temps, les mitrailleuses des deux bataillons prennent à partie les mitrailleuses adverses. Grâce à cette organisation, la lre compagnie, secondée sur sa droite par la 6e, atteint la tranchée 610 en progressant « à la faveur de chaque explosion et de chaque rafale de mitrailleuses, littéralement homme par homme, de rocher en rocher, jdans les angles morts ». Cet oûvrage étant trop rapproché du fortin, le tir d'appui cesse et la lre compagnie commence un mouvement d'encerclement vers l'ouest, du côté qui est le moins .battu par les mitrailleuses de la Charnière. A 14 heures, cette action étant assez avancée, la compagnie Justamon part tout entière à l'assaut, accompagnée dans son mouvement, à l'est du Stavra, par la 6e. Après une lutte courte, mais acharnée, au cours de laquelle on doit tuer sur place six mitrailleurs qui refusent de se rendre, l'ouvrage est occupé.

Les deux compagnies, laissant la 2e terminer le nettoyage, partent aussitôt à l'attaque de l'objectif final; durant cete progression, des feux partant des bois situés à l'est de la Charnière sont « neutralisés tant bien que mal par des feux de fusils-mitrailleurs et. de fusil 86 en marchant ». La Charnière et la crête qui en part vers l'est sont occupées facilement après un bref combat à la grenade et le 1er bataillon s'organise sur les positions conquises, ainsi que le prescrit le plan d'engagement, tandis que la 69 compagnie est envoyée en avant du front pour fouiller le versant septentrional et, en particulier, le ravin allant vers Gradesnica. La compagnie. Vœgeli et les patrouilles envoyées par les unités occupant la crête font, dans les bois, un butin important qui vient s'ajouter à celui

déjà considérable fait jusqu'à ce moment : c'est ainsi que l'on capture, entre autres engins ou approvisionnements, une pièce de 210 et deux de 77.

Le bataillon Ricard a mis pour atteindre son objectif plus de temps que l'on ne pensait,, mais il semble bien, d'après les souvenirs des exécutants et. d'après les ordres, que l'on avait à peu près négligé la résistance des organisations situées entre le Dobropolié et la Charnière; nulle part, dans le plan d'engagement, on ne parle de l'attaque de Stavra, cet ouvrage qui a tenu en échec pendant plusieurs heures un bataillon plein d'entrain et qui a nécessité une préparation sérieuse avec des moyens relativement puissants.

Cette unité, malgré sa position avancée par rapport au reste du régiment, n'a pas souffert dans son ravitaillement, grâce aux ressources trouvées dans les magasins bulgares, ressources composées surtout de poisson séché, de jambon et de choux (1).

ATTAQUE DES OBJECTIFS DU 45E RÉGIMENT D'INFANTERIE.

- REMARQUES GÉNÉRALES (2).

Les opérations, exécutées par le 45e régiment d'infanterie dans la journée du 15 septembre 1918, ont suggéré aux exécutants des observations ou remar-

(1) « Grâce à un louable effort du caporal muletier, la 68 compagnie reçut même un repas chaud dès le soir de l'attaque » (rapport du lieutenant Voegeli, commandant la compagnie).

(2) I. — Ces remarques sont tirées de rapports ou comptes rendus fournis par le lieutenant-colonel, commandant le 45" régiment d'infanterie, ou par des chefs de bataillon ou des commandants d'unité.

II. — Les pertes totales du régiment s'élèvent à 15 officiers, dont 3 tués et 270 hommes dont 26 tués.

Dans cette journée glorieuse, le corps a pris 4 officiers et 538 hommes; parmi le matériel enlevé, on peut citer 1 pièce de 210, 1 de 120, 4 de 105, 2 de 77, 3 minenwerfer lourds, 4 légers, 4 lance-bombes et 10 mitrailleuses.

ques d'ordre général, qui présentent un certain intérêt militaire, soit que l'on considère l'attaque, soit que l'on envisage la défense.

Celle-ci avait été supérieurement organisée au point de vue matériel et, si le moral du 30e régiment bulgare, opposé à notre 45e régiment d'infanterie, avait été à hauteur de ses moyens de résistance, la lutte eût été beaucoup plus difficile et coûteuse qu'elle ne l'a été.

L'examen des positions conquises fait tout d'abord ressortir la solidité des tranchées, profondes le plus souvent de lm,80 à 2 mètres, et des défenses accessoires, le nombre et la sécurité des communications en boyaux ou défilées; enfin, le développement poussé à l'extrême du réseau téléphonique. Les soldats ennemis avaient, de plus, à leur disposition des grenades, des explosifs, du matériel et des outils de tous genres. « Rien n'avait été négligé pour doter la défense de tous les moyens modernes. Ce luxe de moyens contraste, il est vrai, avec la pauvreté de l'habillement, la médiocrité de l'alimentation. Les prisonniers étaient vêtus d'uniformes disparates, usagés, rapiécés, chaussés de socques de toutes sortes, depuis la demi-botte jusqu'à l'espadrille; beaucoup étaient pieds nus. » La défense par le fusil et la grenade fut parfois insuffisante, sauf au Kotka, mais « la puissance de l'artillerie bulgare fut grande, celle de ses mitrailleuses, surtout en profondeur, incessante ». En résumé, la position ennemie, en dépit de l'affaiblissement moral certain qui commençait à se faire sentir parmi les soldats, s'est trouvée aussi formidable que l'on pouvait se l'imaginer.

Il a fallu l'excellence de la préparation, l'union parfaite des armes, ainsi que l'énergique volonté et le tenace courage de nos hommes, pour venir à bout d'une pareille tâche. Les tirs de préparation du 14 septem-

bre « ont été des plus efficaces aussi bien comme effet matériel que comme effet moral ». L'ennemi a été absolument terrorisé par « ce feu infernal » (1). Les acteurs français du drame regrettent cependant le déclenchement du tir d'artillerie quelques minutes avant l'assaut, car ce déclenchement mit l'adversaire sur ses gardes et provoqua des tirs de barrages très gênants, on l'a vu, pour la progression des première et deuxième vagues. « La surprise eût été préférable. » Au contraire, le feu des mitrailleuses de position, dont le commencement coïncida avec le départ des troupes d'assaut, rendit les plus grands services en neutralisant, au début, certains nids de mitrailleuses et en diminuant ainsi les pertes. Cette action permit aux unités de première ligne d'aborder les positions adverses et d'engager le combat rapproché. La caracté-

ristique de la lutte d'infanterie proprement dite a été, d'une part, l'usage presque exclusif des grenades pour assurer l'enlèvement d'une position, -et, d'autre part, l'emploi d'armes automatiques (fusils-mitrailleurs et mitrailleuses) pour arrêter ou repousser une contreattaque. On ne s'est, pour ainsi dire, pas servi du fusil. Cette bataille du 15 septembre semble donc prouver que, pour les actions offensives dans la guerre de positions, les dépôts de zone doivent être abondamment pourvus de grenades et également de bandes pour mitrailleuses comme de chargeurs pour fusilsmitrailleurs; et que l'on peut envisager « une augmentation de transports de ces derniers engins, de préférence à celui des cartouches pour fusil ». C'est la grenade à la main que le soldat du 45e régiment d'infanterie (comme aussi tous les combattants de la 122* division d'infanterie) a pénétré de vive force dans les

(1) Dobro-Polié, par Bounardjief, loc. cit.

tranchées ennemies et c'est avec des grenades qu'il s'en est rendu maître.

Les événements survenus dans la journée du 15 septembre font aussi ressortir que « la liaison entre les différentes armes a été complète. L'artillerie a été parfaite; nos engins, 37 millimètres, Brand, Mattéi, Stokes ont complété efficacement son action: leur intervention heureuse est à retenir. L'élan des hommes a fait le reste. »

Malgré l'excellence de l'appui d'artillerie, malgré 1 aide donnée par les engins d'accompagnement et les mitrailleuses, l'infanterie a dû s'élancer sur un terrain presque impraticable et, lorsqu'on se représente ce qu'a dû être cet assaut dans ce chaos de rochers et sur ces pentes raides et tourmentées, cette pénible progression au milieu des barrages de mitrailleuses et d'artillerie, et souvent des nappes de gaz, on se rappelle cette observation faite en 1662 par le voyageur Evelyn : « Les soldats français vont à la mort par divertissement. »

Comme nous l'avons vu, l'élan a été aussi grand et les résultats définitifs aussi brillants dans toute la 122e division d'infanterie (1). Il en fut de même dans lc secteur de sa compagne de gloire, la 176 division d infanterie coloniale. Cette unité enleva, en effet, le

) (1) Citons l'appréciation portée, au lendemain de la victoire, par c prince Alexandre : « Les positions du Sokol et du Dobropolié, fortiflées depuis trois ans et réputées imprenables, ont été enlevées en un. Jüur par l'héroïque 122* division. Ce succès foudroyant m'a P d'admiration pour les hautes vertus militaires de vos troud e,qm nt ajouté une belle page dans l'histoire déjà si glorieuse del,rni(ïe ^ranÇaise. » (Citation tirée d'un travail du général Caré, inHpnn commandant de l'infanterie divisionnaire de la 122* division cm anterie.)

15 septembre, tous les objectifs, qui lui avaient été fixés, et elle les conserva malgré plusieurs violentes contre-attaques exécutées sur le plateau de Kravitsa, où l'ennemi voulait se maintenir coûte que coûte.

CONCLUSION.

Ainsi, au soir du 15 septembre, la brèche est largement ouverte par les divisions françaises dans les solides retranchements élevés par les Bulgares sur ces montagnes abruptes et presque inaccessibles : la voie est libre, par laquelle les Serbes, ces exilés, ces errants de trois longues et pénibles années, vont pouvoir pénétrer dans leur patrie bientôt reconquise. Et c'est un moment de profonde émotion pour les uns comme pour les autres que celui où, à la fin de ce jour de victoire, au milieu d'un enthousiasme indescriptible, les soldats de la division yougo-slave traversent, à la frontière même, les rangs du 45e régiment d'infanterie, parmi nos morts et nos blessés, et s'élancent vers le Koziak pour exploiter le succès obtenu et poursuivre sans relâche, jusqu'à sa reddition, l'ennemi battu.

A la même heure, la Ire armée serbè s'ébranle à son tour; et l'on assiste, dès lors, non à une retraite, mais bien à une déroute complète de l'armée bulgare : le 20 septembre, les troupes alliées du centre franchissent la Cerna, marchant sur Vélès et la vieille Serbie; le combat s'allume ensuite de proche en proche dans tous les secteurs du front macédonien et la poursuite générale est engagée de Monastir à la Struma; le 29, enfin, la cavalerie française entre dans Uskub, presque sur les derrières des forces adverses, et le haut commandement bulgare, abandonné par ses alliés, en

fâcheuse posture eux-mêmes sur leur propre front, terrifié par l'invasion qui commence, accepte, par l'armistice de Salonique, toutes les conditions du vainqueur.

La chute de la Bulgarie est douloureusement. ressentie dans tous les pays ennemis, car, pour tous, elle constitue un avertissement et une menace : pour les Autrichiens, qui voient la route du Danube et de leur capitale ouverte aux troupes victorieuses; pour les Turcs, qui, battus eux aussi, se, trouvent en grand danger d'encerclement; pour les Allemands, enfin, qui; refoulés à Saint-Mihiel, sur le Chemin-des-Dames et dans la région de Saint-Quentin, chassés de Champagne et du Cambrésis, vaincus dans les Flandres, comprennent, à cette première défection, que tout le Poids de la guerre va bientôt retomber sur eux seuls (1).

L'étude de l'opération du Dobropolié nous a montré que cette victoire est très importante au point de vue militaire, en raison des difficultés matérielles qu'il a fallu vaincre avant comme pendant l'action et de la résistance acharnée dont nos soldats ont du venir à bout; l'examen rapide de ses répercussions politiques ¡!lous prouve aussi quelle place de premier plan occupe l'événement dans l'histoire de la guerre mondiale.

Aussi ne devons-nous pas oublier que tous ces succès, la rupture frontale, la poursuite victorieuse et * ***eme l'armistice, qui a consacré la défaite définitive des années du roi Ferdinand, sont la conséquence directe de l'entrain réfléchi, de la ténacité invincible et

(1) Lldendorf déclare lui-même, à ce moment : « Quant à la gravité le la situation résultant de l'effondrement général de la Bulgarie, elle ne faisait illusion à personne. » (Citation tirée d'un travail du général Caré.)

du courage, montrés en cette journée du 15 septembre 1918, par le soldat français : Pareil à ses grands ancêtres, Roland et les douze pairs, il n'a pas voulu que, de lui, au doux pays de France, « nul vaillant ne fil. une mauvaise chanson » (nuls prozdom malvasement n'en chant) (Chanson de Roland).

Capitaine RINIÉRI.

Source: La revue d'Infanterie

Ce qu'il reste de nos jours sur le site de 1918:

Merci à Jove Pargovski

Source: Macedonia 1912 - 1918
www.off-road.mk

Une vidéo  du Dopropolje en 360°

Panorama du coté Macédonien

01_panorama_vu_du_cote_macedonien.jpg

Le Rocher ou se trouvait le Monument détruit

02_Le_rocher_du_monument_detruit.jpg

Panorama vu sur la Macédoine après la percée

03_vue_vers_la_Macedoine_apres_la_percee_du_front.jpg


Date de création : 22/05/2018 ! 14:53
Dernière modification : 22/05/2018 ! 14:53
Catégorie : Historique du 45e RI -
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Réactions à cet article

Réaction n°2 

par YVuilliot02 le 15/09/2018 ! 16:09

Bravo Jean-Marc et aussi Véro pour ce formidable travail de restitution de la mémoire de nos valeureux anciens à l'occasion d'un de leurs plus hauts faits d'arme qui a ouvert la brèche sur le front d'Orient. Bravo aux régiments d'Orient trop souvent oubliés lors de la célébration de la victoire.


Réaction n°1 

par nvgg le 24/05/2018 ! 08:44

Bonjour,Beau reportage pour ce centenaire: le grand père de mon épouse était également dans les Balkans en 1918. Il a connu avant Verdun et le Chemin des Dames.
Cordialement.
En savoir plus: https://sites.google.com/site/generationvalentinfr/home/Art-et-Grande-guerre-14-18