|
Abonnez-Vous
JMO-1914 à 1919
Découvrir
Amicale 45e RI
Historique du 45e RI
Nous Contacter
Visites
visiteurs visiteurs en ligne Recherche
Remerciements
Henri MOREL |
Cet article est disponible en format standard RSS pour publication sur votre site web :
http://45eri.lescahiersdhistoire.net/data/fr-articles.xml Rapport du Lieutenant Colonel GRUMBACHCommandant le 45e Régiment d’Infanterie sur les journées du 22 23 et 24 Août Le 21 Août 1914 à 22h 30 Ordre reçu à ANHEE, venant du Général commandant la 8e brigade, de se porter immédiatement à NAMUR avec C.H.R, 2e et 3e bataillon du 45e et 3e bataillon du 148e . Les 3 bataillons alertés à BIOUL (2e du 45e Cdt JEANSON) à WARNANT (3e du 45e Cdt MARCONNET) et à ANNEVOIE (3e du 148e Cdt BERTRAND) réunis à BIOUL sous mon commandement à 1h 30 le 22 Août , se portent par une marche de nuit sur NAMUR où ils arrivent le même jour à 6 h. Je me présente vers 5 h à l’E.M de la Position et me mets suivant les ordres qui m’avaient été donné par le Général commandant la 8e brigade à la disposition du Général belge MICHEL commandant la place de NAMUR . Ce dernier me prescrit de porter mon régiment, dès son arrivée, à l’Ecole des Cadets où un café chaud a été préparé pour les hommes. Le régiment traverse NAMUR, défilé devant le Général MICHEL aux accents de la marche de Sambre et Meuse puis se rend devant la caserne des Cadets, place Elisabeth, où a lieu une distribution de café faite à la troupe, distribution n’ayant pas demandé moins de 3 h. Pendant la distribution de café, le chef de bataillon DURUY de l’E.M de la 5e Armée française qui se trouvait à NAMUR me donna verbalement des instructions de la part du Général LANREZAC. D’après ces instructions je devais m’efforcer de rester à NAMUR jusqu’au lendemain soir 23 Août pour assurer la jonction entre l’armée du Général LANREZAC qui s’avançait sur la Sambre à celle du Général de Sangle de Cary qui devait se porter sur le front NAMUR ANDENNE, front que vraisemblablement elle atteindrait dans l’après midi du 23.
8h : Communication du cantonnement (Btn BERTRAND à MOULIN à Vent) (Btn JEANSON et MARCONNET à BOUGE)
Au fur et à mesure que les bataillons ont pris leur café, ils sont dirigés sur leur cantonnement. Je date si après les évènements qui se sont passés pour chacun des 3 bataillons car sitôt mon arrivée au débouché Nord de BOUGE, les autorités militaires belges qui voulaient avoir des soldats français partout, m’enlèvent la disposition de mes bataillons malgré mes protestations. C’est ainsi qu’ayant reçu au sortir de BOUGE l’ordre du Général HEURARD (Général belge commandant le secteur) de pousser mes bataillons vers le Nord et le Nord Est, je dis à ce Général que placé sous les ordres du Général MICHEL commandant la Place, je ne ferai au mouvement avant que le Gouverneur de NAMUR m’en eût intimé l’ordre. Je fus alors appelé au téléphone à BOUGE par le Général MICHEL qui me prescrivit de me mettre aux ordres du Général HEURARD. Le 1er ordre que me donnât le Général HEURARD fût le suivant : les 3 bataillons français seront dirigés immédiatement l’un sur la route de Hannut vers BONINNE le 2e sur cette même route à la borne H le 3e bataillon sur la route de LOUVAIN à la borne 3.
Journée du 22
3e bataillon de 148e Cdt BERTRAND Dirigé à 10h 30 sur MOULIN à VENT ce bataillon est poussé à 11h 30 route de LOUVAIN. B 3 à la disposition du Général HEURARD. Le bataillon s’y porte en colonne double ouverte . A peine a-t-il atteint qu’il est poussé (12h 30) sur cette route de LOUVAIN jusqu’à la B. 6.5. Son mouvement s’exécute dans la même formation que précédemment sous un feu violent d’artillerie ennemie, mais ce feu est inefficace faisant plus de bruit que de mal. A la B 6.5 le bataillon BERTRAND d’après l’ordre qu’il avait reçu du Général HEURARD cherchait à se mettre à la disposition du Major belge PETIT commandant le sous secteur , mais ce dernier resta longtemps introuvable car ce ne fût que beaucoup plus tard que le Cdt BERTRAND appris que le Major PETIT avait son poste de commandement dans une cave de Cognelée où il avait installé ses appareils téléphoniques. A 17h 30 sans que j’en sois avisé par les autorités militaires belges les 9e et 12e Cies du Btn BERTRAND reçoivent l’ordre de se porter (de la position qu’occupait le bataillon au S.O de Cognelée B 6.5) à l’appui des belges occupant le château de Beauloy. Les 2 Cies arrivent à l’Est de l’église de Cognelée lorsqu’elles apprennent que les troupes belges ont dû abandonner le château ; elles s’installent donc dans les tranchées et attendent que la 10e Cie et la section de mitrailleurs viennent les renforcer pour reprendre le château. Dés l’arrivée de la 10e Cie les 9e et 12e cies sortent de leurs tranchées et se jettent à la baïonnette sur la position du château que les allemands abandonnent. LA 11e Cie avait été maintenue comme repli sur la route de Louvain B.6 ou ce btn est replacé sous mes ordres
3e bataillon de 45e Cdt MARCONNET Dirigé à 9h 10 sur Bouge ce Btn dès son débouché au village tombe sous les feux de l’artillerie allemande dont le tir est d’ailleurs inefficace. A 10 h ce btn est poussé sur l’ordre du Général HEURARD à la B.4 de la route de Hannut , mais à peine a-t-il atteint ce point qu’ordre m’est donné de dirigé ce Btn sur la borne S.O du Bois des Grandes Salles en réserve de secteur. Je prescris au Cdt MARCONNET de gagner la corne du bois en choisissant un défilement au sud de Le Try et des bois situés au N.E de CHAMPION. Je me porte de ma personne de la B.4 (route de Hannut) vers le village de CHAMPION et me trouve vers 10h 40 entouré des belges qui fuient vers le Sud en criant « Sauve qui peut » . J’atteins alors le chemin de fer qui longe la lisière Est de Champion en me heurtant à nouveau à des belges en déroute. J’envoie le Capitaine CODEVELLE dire au Cdt MARCONNET de pousser une Cie sur le chemin de Le Try à la ferme du Sart pour y remplacer les belges en fuite et de continuer avec ses 3 autres Cies son mouvement vers la borne S.O du Bois des Grandes Salles. Arrivé à 11h 30 au point qui lui avait été indiqué le Cdt MARCONNET en exécution d’un ordre qui m’avait été donné par le Général belge HEURARD fait occuper par un peloton de la 9e Cie la sortie du Bois des Grandes Salles sur la route de MARCHOVELETTE. La 11e Cie est ensuite désignée pour servir de soutien à une batterie belge, au bois Royal des Grandes Salles. L’ennemi progressant sur Champion ordre est donné à 2h 45 de faire occuper la lisière Est du bois des Grandes Salles. La 12e Cie est poussée sur cette lisière entrant en liaison avec la 9e Cie , elle occupe sur cette lisière des épaulements en arrière desquels se trouvait une batterie de 6 canons belges complètement abandonnés et n’ayant certainement pas servis car les couvre culasses étaient encore en place. Prise à partie par un feu violent de mitrailleuses, la 12e Cie dès qu’elle veut progresser est obliger de se terrer. A la nuit elle se retire par les bois sur Le Try par la B.4 de la route de Hannut, où elle passa la nuit. Vers 18h, au moment de la contre attaque du Btn 148 se produisit sur le Château de Braulon un peloton de la 10e Cie participa à ce mouvement an avant (Lt AUDIBERT tué)
En fin de journée du 22 à 20h le Général HEURARD m’ayant donné l’ordre de prendre le commandement du sous secteur et de placer les 2 Btns (MARCONNET et BERTRAND) en réserve, je me rend auprès du Général pour lui demander quelles étaient les limites de ce sous secteur dont j’ignorais totalement l’organisation. Le Général me fait tracer sur ma carte 1°) les limites du sous secteur (limites au crayon rouge) 2°) une ligne de tranchées établie par les belges au N des communes (au crayon rouge sur la carte ci-joint). Puis le Général me dit « Vous êtes absolument couvert au N et au N.E car les troupes belges occupent des tranchées à cheval sur la route de Louvain à hauteur du fort de Cognelée et tiennent le château de Bauloy » Je décide alors de réunir mes 2 btns et de les mettre au bivouac à hauteur de CHAMPION, mais ne voulant pas passer la nuit en rassemblement sans m’être assuré au préalable que j’étais couvert, je lance des reconnaissances sur Cognelée et sur le château de Beauloy. Ces reconnaissances m’apprennent que ces tranchées à hauteur du fort ne sont pls tenues par les belges et que le château est entre les mains des allemands. Dans ces conditions je prescrit au Commandant BERTRAND de s’installer au bivouac à hauteur de la borne 6 en se couvrant vers le N et le N.E, au Btn MARCONNET de bivouaquer près de la route de Louvain au N du chemin CHAMPION VEDRIN avec 3 de ses cies (il n’en a eu que 2 en réalité puisque la 12e qui s’était repliée par Le Try n’a pas pu être touchée par l’ordre pour le bivouac) et a laisser une Cie DEVAUX) vers la corne S.O du bois des Grandes Salles. En arrière et à droite de cette Cie , une Cie belge qui occupait des tranchées au N.E de CHAMPION y fut maintenue par mon ordre pour la nuit.
Journée du 23
Jusqu’à 9 heures calme plat, une fusillade cependant au petit jour. Le Général HEURARD arrive à ce moment à la sortie N. du groupe de maisons environnant le carrefour de la route de Louvain et du chemin Champion Vedrin . Le Général me dit que ça va très bien, que les belges tiennent dans les tranchées , que le fort de Cognelée (qui avait fait la veille l’objet d’un bombardement incessant) répond toujours aux canons allemands, que du coté de Bonine tout est pour le mieux. A ce moment une vive canonnade allemande ce déclenche et les obus tombent à quelques mètres du Général et de son E.M. Dans la matinée j’avais prescris au Cdt MARCONNET de faire occuper par une Cie la ferme du SART (cette ferme fur occupée à 7h par le Général) et de se mettre en mesure d’occuper les tranchées établies par les belges depuis la ferme du Sart jusqu’au ruisseau de Vedrin (11e et 12e Cies de 45e ) Cette position éventuelle de repli était ma 1ère ligne constituée par le Btn BERTRAND (borne 6) la Cie DEVAUX (10e du 45e) vers borne S.O du bois des Grandes Salles, la Cie belge du N.E de Champion. Le Btn BERTRANS ne laissant que 2 Cies à B.6 me constituait avec ses 2 autres Cies une troupe de manœuvre vers la cote 104 (S.O de la ferme du Sart). Sur mon ordre la 10e Cie avait envoyé une reconnaissance à 6h du matin sur le saillant du bois des Grandes Salles . Ce bois n’était pas occupé par les allemands. Dès l’ouverture de la canonnade de 9h les troupes belges qui petit à petit étaient revenues de l’arrière pour occuper leurs tranchées au N. des communes lâchant pied et peu après le Général HEURARD me donnait l’ordre de me replier pied à pied. Je prescrivais au Btn MARCONNET de tenir à la ferme du Sart et dans les tranchées qui l’avoisinaient pour permettre aux 2 Cies BERTRAND qui avaient été maintenues à la B.6 de se dégager par l’ouest de la route de Louvain.
Pendant le mouvement de retraite la canonnade est vive. La 10e Cie du 45e est fortement éprouvée ; elle qui avait perdu la veille le Lieutenant AUDIBERT, puis ses 3 chefs de section le Sous Lieutenant DEMARNE,
l’adjudant VERON. Les 11e et 12e Cies reçoivent l’ordre de se replier sur ST SERVAIS (ordre du Général HEURARD) par le ravin du ruisseau d’Arquet en contournant NAMUR par le nord . Même ordre de retraite est donné par le Général HEURARD au Btn BERTRAND. Au milieu des belges qui se livrent à une fuite éperdue j’arrive avec le Btn BERTRAND et les 11e et 12e cies du Btn MARCONNET derrière la gare de NAMUR. Pour me dégager de ces soldats belges en déroute, je fais démolir une porte donnant sur la voie ferrée, fais franchir cette voie ferrée aux 6 Cies que j’ai pu rallier et donne comme ligne de retraite , par les Trieux de SALZINNES, la route de NAMUR au bois de la Basse Montagne (point ultérieur de retraite bois de Villiers) décidé à résister sur la position (entre Sambre et Meuse) formée par les hauteurs au nord de la Gueule du Loup (ligne brisée rouge sur la carte) Malgré le désordre causé par le « Sauve qui peut » des belges, grâce surtout à la belle résistance que fit le Btn JEANSON qui couvre ma retraite, je puis arriver en ordre sur la position choisie, je prescris au Cdt BERTRAND d’occuper la partie Est de la position depuis la route menant à la citadelle jusqu’aux escarpements dominant la Meuse vers Jambes. Au Cdt MARCONNET de tenir la partie Ouest jusqu’au coude de la route (coté Sambre) . Nous trouvons d’ailleurs sur cette position des tranchées établies à l’avance par les belges. Il était environ 14h 30. Il se produit à ce moment là une très vive canonnade allemande, mais les obus trop haut passaient au dessus de nous et allaient tomber dans les bois de la Basse Montagne. Cependant que les belges fuyaient en grand désordre derrière nous par la route, le Général MICHEL qui chercha, me dit on, à les arrêter n’y parvint pas. A 15h je fais une reconnaissance de ma position et m’aperçois que 3 ½ sur 4 des Cies du 148e n’occupaient plus les tranchées, où étaient-elles passées, je ne le sut que vers 17h car le Cdt BERTRAND que j’avais chargé de rechercher ces Cies les trouva avec les belges vers la ferme de Notre Dame. Force me fut de combler le vide laissé à l’Est de ma position par le départ inexplicable de ces Cies au moyen du dernier peloton du Btn MARCONNET qui me restait en réserve et de quelques unités belges que de rares chefs énergiques de la milice de Belgique avaient réussit à maintenir à ma disposition. Vers 17h ayant su que les troupes françaises qui devaient remonter vers le Nord par la rive droite de la Meuse, n’étaient pas arrivées à hauteur de DINANT et n’ayant à ma disposition que 2 Cies du Btn MARCONNET et un peloton du Btn BERTRAND je décidai de me replier plus au Sud et fit porter les éléments dont je disposais à hauteur d’un repli que j’avais installé sur la hauteur au Sud du ravin de la Gueule du Loup. Je portai ensuite ma troupe sur la ferme de Notre Dame au Bois . Au cours de la nuit du 23 au 24 et pour éviter de me mêler aux belges, je me dirigeais sur Bois de VILLERS par le port et le chemin passant à l’Ouest du Fort de St HERIBERT. A Bois de Villers, retrouvant les belges, je dirigeai ma troupe dans la direction de BIOUL par un chemin de terre allant de Bois de Villers à Arbre et Romicé ( ?) A Bois de Villers le Cdt BERTRAND retrouve les 3 Cies ½ qui avaient suivi le mouvement de retraite des belges. Avant d’arriver à ROMICE je retombe sur l’armée belge ; je cherche à la dépasser mais ses fantassins, ses pièces d’artillerie, ses automobiles, ses cavaliers forment un réseau inextricable et je me décide à bivouaquer à 1500 m avant d’arriver à BIOUL.
Journée du 24 Aout 1914
Le 24 à 2h 15 j’envoie à BIOUL le capitaine CODEVELLE pour chercher à entrer en relation avec la 8ème Brigade. Le capitaine revient à 5 heures et me dit que la 8ème Brigade n’est plus à BIOUL et que le village est un cahot épouvantable. Je décide de porter mes 6 compagnies sur le Château de NEFFE , puis de contourner BIOUL par l’Ouest pour éviter les belges, enfin de chercher par MAREDSOUS à me relier avec la 8ème Brigade que je suppose encore dans la région. A MAREDSOUS je suis rejoins par une Cie du 8e d’infanterie dont le Lieutenant me dit : « Les Allemands ont franchi la Meuse, j’étais chargé de la défense du pont d’Yvoir et ai été obligé de me replier vers l’Ouest. » A MAREDSOUS également je suis rejoins par des hommes de différents corps et les ayant interrogés, j’acquis la conviction qu’en me portant vers le Sud Ouest je rencontrerai des troupes du 1er Corps Je dirige mes 6 Cies grossies d’éléments de la 8e et des Corps les plus divers, sur MAREDRET. Là j’apprends que qu’ERMETON sur BIERT n’est plus tenu par les troupes françaises. Je gagne FLAVION plus au Sud puis ROSEE, LAUTENE, FRANCHIMONT. A FRANCHIMONT je trouve un régiment de réserve et apprends que le Q.G du 1er Corps d’Armée était à MERLEMONT où je me rendis pour y recevoir les ordres du Général en chef.
Je cantonnai le 24 au soir à MERLEMONT et rejoignis le lendemain 25 la 8e Brigade à VIERVES.
Montcornet, le 28 Aout 1914
Signé : Grumbach
GlossaireAUDIBERT Jean Louis Lucien Lieutenant
Date de création : 03/08/2009 ! 22:33
Dernière modification : 29/01/2013 ! 20:37 Catégorie : - Année 1914 Page lue 5592 fois Réactions à cet article
|