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Henri MOREL |
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http://45eri.lescahiersdhistoire.net/data/fr-articles.xml LA MARNEPour nous, les autobus nous avaient transportés, dans la nuit du 5 au 6 Septembre, de Montgenost, par Provins, à Chenoise où nous allions être mis à la disposition du Général Conneau, commandant le 2ème Corps de Cavalerie. Néanmoins, chacune de ces journées où se jouait le destin de la France allait être pour le 45ème l'occasion de petites actions. Après Fontenelle, c'est Courtacon le 7 Septembre, où nous arrivons pour trouver les paysans pleurant leurs fermes incendiées et quelques uns d'entre eux fusillés par les Allemands. Le 8 au matin, on reprend La Ferté-Gaucher que l'ennemi a si bien pillée, que de nombreux ivrognes sont retrouvés dans les caves et ramenés au jour sans grands ménagements. Au soir, après avoir traversé le charnier de Mont dauphin où des chevaux crevé empestent l'air de la pourriture de leurs ventres ballonnés et de leurs entrailles épandues, nous couchons à Verdelot. Le 9 Septembre, la remontée vers le nord continue. Dans l'après-midi, nous débouchons des hauteurs boisées qui dominent Chateau-Thierry et la Marne. Une brève canonnade et nous dévalons les pentes qui nous amènent en ville. Nous traversons le pont de la statue de La Fontaine : nous avions franchi la Marne sans tirer un coup de fusil. Sur le quai rive droite, nous trouvons un convoi allemand abandonné. Nous le soulageons de tout ce qui peut être mangé ou bu (il y a si longtemps que nous n'avons pas été officiellement ravitaillés) et nous allons cantonner dans les faubourgs nord de Chateau-Thierry en haut des pentes qui surplombent le vieux château. Telle fut, pour le 45ème, la bataille de la Marne. Le régiment n'y avait pas tenu un rôle particulièrement actif. Nous avions l'impression de trotter derrière des fuyards qui galopaient et que nous ne pouvions pas atteindre. Nous voyions bien les traces de la lutte, mais nous n'y prenions point part. Et nous ne savions rien, surtout de l'immensité de la bataille, engagée de l'Oise aux Vosges. Notre part y fut modeste. Elle eût été bien différente si le destin et le commandement nous avaient assigné un autre poste. Nous avions, depuis Namur, perdu la moitié de nos effectifs : tués, blessés, prisonniers ; nous avions perdu notre train de combat et nos mitrailleuses. Nous n'avions touché ni ravitaillement, ni solde, ni courrier depuis des semaines. Mais nous avions gardé intacts notre foi et notre enthousiasme, et si, suivant l'ordre de Joffre, on nous avait demandé de nous faire tuer, nous aurions répondu : « Présents ! ».
Date de création : 19/01/2013 ! 11:19
Dernière modification : 18/09/2013 ! 07:53 Catégorie : - Le 45e RI en 14-18 Page lue 3241 fois Réactions à cet article
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