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Garde et patrouilles

La période du 17 au 20 août

Article réalisé par: Vincent Scarniet

Le 17 août, les grandes unités du 1er CA (1ere DI, 2e DI et 8e Bde) sont enfin reconstituées sur le front de la Haute Meuse. Les régiments d’infanterie assurent la couverture de celle-ci entre GIVET et PROFONDEVILLE  permettant ainsi les mouvements des autres corps de la Ve armée vers la Sambre jusqu’au 20 août.
Ceux-ci, résumera très brièvement le Général Lanrezac,  «  s'effectuent sans autres incidents que des démonstrations exécutées par les Allemands tout le long de la Meuse, de Namur à Givet, et l'apparition de quelques patrouilles sur la Sambre, en amont de Namur ».

En analyste averti, le Lieutenant-colonel Larcher émet le jugement suivant sur cette période :
« Suivant les errements de l’époque, les troupes françaises fournissaient des avant-postes sur le front et cantonnaient ou bivouaquaient sous leur protection pendant la nuit. Chaque jour, un peu avant l’aube, elles prenaient les armes et occupaient leurs positions de combat sur les plateaux à l’Ouest de la Meuse ; le 6e chasseurs à cheval se rassemblait, pied à terre à l’abri des vues, l’artillerie mettait en batterie, les états-majors se rendaient à un observatoire. La journée s’écoulait généralement sans incidents ; le soir, les troupes de toutes armes rentraient à leur cantonnement »

Extrayons en guise d’exemples le vécu journalier consigné par le Caporal DELAMARRE du 45e RI :
« Lundi 17 août
Réveil à 2 heures ; départ à 2h.1/2. Nous descendons jusqu’à la Meuse, environ 3 km, arrivons à 3 heures ; nous faisons la pause entre deux maisons (grange batteuse pour avoir tout aéro) ; y restons jusqu’à 8 heures du soir. Entre temps patrouille sur la Meuse.
Mardi 18 Août
Réveil à 6 heures après avoir dormi passablement. Revenons immédiatement au point de station…Nous retournons coucher à la même place
Mercredi 19 Août
Réveil à 5 heures. A 6 heures, nous nous retrouvons à la même place
Jeudi 20 Août
Réveil à 5 heures. Retour au même endroit. A midi nous partons en patrouille de 4 hommes…Retournons au cantonnement »

Le commandement a toutefois tiré rapidement les leçons des combats de Dinant et donne les ordres en ce sens : minage de tous les ponts de la Meuse, renforcement de la protection du fantassin par des travaux de campagne, placement judicieux des sections de mitrailleuses, amélioration de la coordination entre l’infanterie et l’artillerie et occupation permanente de la rive gauche  remplacée par des patrouilles d’infanterie et de cavalerie.

 Le Général Mangin résume cette période en ces termes : « Je m’établis dans le château de BIOUL, gardant les ponts, mais avec une bonne artillerie, et faisant des patrouilles sérieuses sur la rive droite de la Meuse, qui ramènent des prises et s’aguerrissent. Je suis en liaison sur la Meuse, face à l’Est, avec le colonel Pétain, qui commande une brigade du 1er corps et nous faisons bon ménage »


La journée du 17 août


Bon ménage ? Cette journée a toutefois débuté par un malentendu sur les limites entre les 4e et 8e Brigades. Le 110e RI et le 45e RI (après relève du I/148 RI par le I/45 RI dans la nuit du 16 au 17), leurs subordonnés respectifs ont tous deux reçus l’ordre de défendre le pont d’Yvoir. A 7h30, le commandant du 110e RI réalise que le poste d’YVOIR est commandé par celui du 45e RI. La mission du 110e RI se limitera donc à la défense des passages de Houx et Anhée et du village de Haut-le-Wastia, défense que ce régiment organise dans la matinée.
Positions_110e_RI.jpg
 Positions du 110e RI le 17 août

Après son départ d’YVOIR, le I/148 RI (Bataillon VANNIERE) resserre son dispositif de surveillance et de défense entre HUN et ROUILLON au côté du II/148 RI qui prolonge le dispositif jusque RIVIERE-PROFONDEVILLE.
Quant au 45e RI,  il occupe un front étroit limité à la lisière Nord d’ANHEE et le pont d’YVOIR. Son articulation dans la profondeur doit permettre de renforcer rapidement  le  bataillon d’YVOIR à partir de WARNANT avec le  IIIe bataillon, le cas échéant avec le IIe bataillon à partir de BIOUL
Carte_Situation_17_aout.jpg
 


Dans le secteur de la 8e Bde, une première patrouille du 45e RI a exploré la rive gauche de bon matin en direction d’EVREHAILLES, sujet des préoccupations du 1er CA. Le Lieutenant BAURES (1ere Cie) n’y a pas trouvé confirmation des renseignements qui faisaient la veille état de concentrations ennemies dans cette localité et les villages voisins. Pas d’infanterie, encore moins d’équipages de ponts qui faisaient craindre une tentative de franchissement dans le secteur d’Yvoir, juste une patrouille d’uhlans qui a rebroussé chemin.

Pont_Yvoir.jpg Lorsque cette patrouille franchit à nouveau le pont d’YVOIR vers 9 heures, un détachement génie de la  Cie 1/4 du  1er bataillon du 3 RG achève de placer les dispositifs de mise à feu des explosifs. Le placement de ces charges avait débuté la veille par le génie belge de la Position Fortifiée de Namur(PFN)

«Vers 11 heures, canonnade contre Evrehailles. Impossible d’en discerner tout d’abord l’origine. Ce sont de gros projectiles provenant d’une artillerie lourde allemande. Dans le village on ne signale personne. Pourquoi donc tirent MM. Les Allemands ? Est-ce par représailles ? Nous n’en savons rien. » note le Colonel Petain dans son carnet

Ce bombardement qui a endommagé l’église et plusieurs maisons sera cité dans un livre à large diffusion comme illustration  pathétique de la conduite barbare des allemands :
« Une rage sans cause.  Deux exemples parmi beaucoup….Le 18 août [erreur de date de l’auteur, il s’agit du 17], un détachement allemand, que nul n'attaque s'arrête sans motif, sans sommation— peut-être sans savoir où il est sur la route de Purnode, et braque le canon sur le paisible village d'Evrehailles. Les paysans épouvantés voient crouler leurs maisons. Le feu ayant cessé, une partie du détachement se rend dans le village. Le commandant constate les dégâts, déclarant froidement qu'ils sont insuffisants « et qu'on recommencera ». N'est-ce pas un peuple admirable et calme celui qui, après les paroles d'un tel monstre, ne prend pas la première arme venue pour le châtier?

Les témoignages recueillis en 1916 attribuent ce bombardement en provenance de Dorinne à un acte de représailles. Aux dires des Allemands, un uhlan aurait été tué la veille par un civil entre EVREHAILLES et PURNODE. Ces mêmes témoignages font état d’un dragon allemand tué le 16 août à mi-chemin entre les deux localités précitées par des soldats français dissimulés derrière des gerbes de froment...
L’existence de francs-tireurs comme justification de représailles contre les populations civiles sera le leitmotiv allemand dans les premières semaines de guerre. A cet argument, les témoignages belges y opposeront soit le fait d’engagements entre troupes régulières soit le résultat de méprises allemandes dues à l’état d’ébriété ou l’indiscipline des soldats.
Dans ce cas précis d’Evrehailles, la lecture de tous les journaux des marche et des opérations des unités présentes le 16 août en Haute-Meuse ne nous donne aucune précision quant à une quelconque escarmouche entre soldats français et allemands sur la route EVREHAILLES-PURNODE.

Vers 14 heures, une fusillade suivie de coups de canon éclate au Nord d’YVOIR. Le régiment voisin du 45e RI subit son baptême du feu. L’incident a débuté par des tirs ennemis sur un peloton du 6e Chasseurs à Cheval patrouillant sur la rive droite à hauteur de Houx. La Cie RIQUIER (10e Cie/III/110 RI), en charge de la défense du barrage et des écluses de Houx a pris rapidement ses emplacements de combat et à riposté aux tirs de l’ennemi dont la force fut évaluée à une compagnie. Les tirs d’une batterie ennemie visent nettement les ouvrages hydrauliques et restent sans aucune riposte de la part du 27 RAC dont les batteries sont placées trop loin. C’est un tout autre rôle que la presse attribuera à l’artillerie dans les éditions du 19 août :
Guerre_Belgique_Annonce.jpg
 
A l’issue de cet engagement de courte durée, le 110 RI comptait ses 5 premiers tués et 5 blessés
La journée s’achève dans le bruit de canonnades intermittentes et les troupes s’en retournent à leur cantonnement après avoir achevé leurs travaux de défense.

La journée du 18 août


La journée du 17 ayant été jugée calme, l’ordre de la 8e Brigade pour la journée du 18 août prescrivait que seule l’infanterie serait au point du jour sur ses emplacements de combat. L’heure fut avancée à 3h30 pour toutes les unités de la brigade en vertu directives du 1er CA reçues à 1h45 du matin. Cette application est un peu plus tardive au sein de  la 4e Brigade dont le commandant note dans son carnet : « Ce matin à 4 heures et demie, nous avons repris notre garde à Haut le Wastia, Anhée, Houx. Il y a un proverbe qui dit: « il n’y a que les couillons qui montent de garde »
Les unités du 1er CA reçoivent l’ordre de continuer à renforcer l’organisation des centres de résistance

A YVOIR, le I/45 RI solidement installé défend les abords du pont avec deux compagnies la 4eCie (Cie MARLIER) pour la défense immédiate, la 2e Cie (Cie LUCAS) et la 1ere section de mitrailleuses (Section GRANDJEAN) pour couvrir les défenseurs à partir des hauteurs du bois de Moulins. Les 1ere et 3e Cie de même que la 2e section de mitrailleuses (Section RICHET) sont en réserve à l’Ouest d’ANHEE.
La 1ere Compagnie fournit dans la matinée deux patrouilles sous les commandements respectifs du Sous-lieutenant BELIN (1ere section) et l’Adjudant TOURNIER (3e section). Celles-ci  doivent à nouveau reconnaître dans la matinée le village d’ EVREHAILLES selon un itinéraire inversé.
Ce village, déserté de ses habitants apeurés par les évènements de la veille est décidément l’objet de toutes les attentions.
Etant à la croisée des routes  vers les ponts de HOUX et d’YVOIR, le 110 RI s’y intéresse également et y enverra en cours de journée, trois reconnaissances fortes d’une demi-section. Enfin, le 6e chasseurs à cheval explore également la zone EVREHAILLES-PURNODE où la présence d’une importante cavalerie allemande suivie probablement d’infanterie a été signalée.
Dépendant de chaînes hiérarchiques différentes, il faut remonter à l’échelon du Corps d’Armée pour y trouver le dénominateur commun. Il n’apparaît pas clairement si celui-ci a coordonné ces reconnaissances mais l’information semble avoir circulé au sein du 2e Groupe du 27 RAC, chargé d’appuyer le 110 RI. La 4e Batterie note dans son JMO : « Des troupes sont vues sur la rive droite de la Meuse mais l’ordre est donné de ne pas tirer, car paraît-il, ce sont des patrouilles de cavalerie française et des fantassins du 45e de ligne. Il est difficile de reconnaître nos fantassins, car ceux-ci ont couvert leur képi d’un manchon bleu, et même à faible distance, on peut les confondre avec les troupes ennemies »
Quelques coups de canon seront tirés par cette même batterie « pour repérer les crêtes où l’artillerie ennemie pourrait prendre position ».

Les quelques villageois qui sont restés  se souviennent : « Mardi 18, de bonne heure, le village se remplit de troupes françaises, qui se retirèrent bientôt.
A 10 heures, des uhlans, plus excités que jamais, vinrent enlever le curé, M l’abbé LOUYEST, l’accusant d’avoir fait des signaux au clocher ; ils le firent monter devant eux à la tour, puis l’emmenèrent. Bientôt, sur le haut du village, ils se heurtèrent à des Français : une fusillade éclata, à la faveur de laquelle le curé s’enfuit ».
Il doit s’agir de la même  fusillade qui a été entendue vers 10h15 depuis YVOIR et consignée dans le JMO du 45 RI. S’agit-il de la reconnaissance BELIN ou TOURNIER ou des deux?
Celles-ci doivent en tous cas battre en retraite précipitamment vers 11h25 en laissant sur le terrain le soldat Victor CHABANON, grièvement blessé. Le Sous-lieutenant BELIN, le Caporal PLAGE et le 2e classe CHALOIS blessés seront évacués après avoir réintégré le poste d’YVOIR.
Vers 11 heures, un autre accrochage a eu lieu entre quelques cuirassiers de la garde impériale venant de PURNODE et une patrouille du 110 RI. Ceux-ci sont mis en fuite après avoir perdu un des leurs, tué par  le chef de patrouille. Ce cavalier était porteur d’un carnet donnant la description des uniformes français.

Après s’être caché pendant plus de deux heures dans les hautes herbes du cimetière, le curé d’EVREHAILLES revêtit des habits civils et parvint à gagner NAMUR sain et sauf. Le soldat Victor CHABANON eut moins de chance. Il ne fut jamais retrouvé et fut déclaré décédé en date du 18 août 1914 par jugement déclaratif le 9 septembre 1920. Il inaugurait ainsi le nécrologe impressionnant de ce régiment.
Chabanon_Victor_Fiche_MDH.jpg
 

Vers midi, EVREHAILLES se remplit de troupes ennemies assez considérables, qui échangèrent quelques obus avec l’artillerie en appui de la 8e Brigade. A 13 heures, elles se retirèrent sur SOVET, SPONTIN et DORINNE
Au niveau du 1er CA, l’analyse de l’ensemble des reconnaissances conclut que l’ennemi a sa ligne avancée d’observation (postes de cavalerie) à 5 ou 6 km de la Meuse entre la LESSE au Sud et la route de PURNODE à SPONTIN au Nord

Les sapeurs ont mis à profit cette chaude journée d’été pour améliorer les dispositifs de destruction des ponts préparés la veille. Ils dissimulent les charges et dispositifs et construisent un abri blindé d’où il pourra être procédé à la mise à feu quand l’ordre en sera donné par le 1er CA.

La journée du 19 août


La cavalerie allemande s’est rapprochée de la Meuse dans la nuit. Une patrouille du 45 RI l’expérimente à ses dépens lorsqu’une embuscade à 500 m au Nord d’YVOIR l’empêche de progresser vers EVREHAILLES. Etait-elle à la recherche du soldat CHABANON laissé en arrière ? On peut se l’imaginer
Au point du jour, une nouvelle patrouille atteindra le village sans encombre et y recueillera des renseignements sur les forces ennemies présentes la veille.
Absence ennemie également constatée pendant la journée par les patrouilles du 110 RI.

Le 19 août est assurément une journée très calme décrite par Pétain en ces termes : « La journée se passe à dormir ou à raconter de gais propos, mais cette inaction prolongée énerve les hommes »

Les sapeurs du détachement La Garanderie de faction aux ponts d’Houx et d’Yvoir en profite pour faire des essais d’explosion d’une charge témoin de tonite et des essais d’action réciproque de la tonite sur la mélinite et inversement. Précaution qui s’explique par le fait que la tonite est l’explosif de minage proprement dit  mis en place par le génie belge tandis que les sapeurs français utilisent la mélinite comme charge de mise à feu.

Vers 15 heures, le 1er CA conclut des renseignements reçus dans la journée : « la zone au Sud de la Lesse, celle au N. de la route PURNODE-SPONTIN sont libres .Il n’est pas trouvé traces de ces fortes colonnes de toutes armes signalées en particulier par les compte rendus de la soirée du 18. Il semble bien que les mouvements ainsi signalés correspondent plutôt à l’envoi de détachements mixtes (100 à 200 cyclistes, 1 escadron et parfois 2 pièces de canon venant surtout réquisitionner… »

Le 110 RI enverra encore vers 20h45 une reconnaissance de nuit qui confirmera qu’EVREHAILLES et PURNODE ne sont pas occupés. Elle se heurtera toutefois à des avant-postes sur la route entre PURNODE et DORINNE et rentre le 20 août vers 2h du matin sans avoir pu achever sa reconnaissance.

La journée du 20 août


Outre le 6e Régiment de Chasseurs qui effectue quotidiennement des patrouilles de reconnaissance dans la région de DREHANCE et EVREHAILLES, le 110 RI et 45 RI continuent de focaliser leurs activités dans la même direction.
 Le 110 RI envoie deux reconnaissances fortes d’une section (11e et 12e Cie) respectivement à 6h et 11 h qui constatent qu’EVREHAILLES et PURNODE ne sont pas occupés. L’une de celles-ci découvre toutefois à EVREHAILLES deux hussards dont un est tué et l’autre blessé.
Apparemment anecdotique, cette découverte est d’importance. Ces deux cavaliers appartiennent au 18e Régiment de Hussards, un des deux régiments de la Brigade de Cavalerie organique de la 32e Division du XXIIe Corps Saxon. Pour la première fois donc, les troupes du 1er CA n’ont plus à faire au seul Corps de Cavalerie RICHTOFEN mais bien à un élément avancé de la IIIe Armée allemande (von HAUSEN)
« L’indice était précieux ; il pouvait même être inquiétant, mais la confiance revint vite, écrit Larcher, à la nouvelle de l’offensive imminente de notre 4e armée, qui se porterait de Chiers sur la Lesse, droit au Nord, sa gauche à la Meuse ».
Il reste une question sans réponse : au cours de quel engagement ces deux hussards sont-ils tombés ? Tout comme pour l’engagement du 16 août, la lecture des JMO ne nous livre aucune indication complémentaire. Il faut toutefois noter que le JMO original du 6e Chasseurs a disparu  lorsque son Etat-major a été décimé par l’artillerie allemande à MATAGNE-LA-GRANDE le 25 août. Le JMO a été reconstitué sur base des souvenirs des officiers et se révèle très succinct sur les reconnaissances journalières dans la région.

Le 45 RI envoie également deux reconnaissances en direction d’EVREHAILLES. La première, forte d’une demi-section est partie vers 12h15. Elle pousse plus loin que d’habitude en se portant vers BAUCHE qu’elle a mission d’observer à partir de la crête Sud jusque 17h.
L’observation du village, situé en contrebas dans la vallée du Bocq permet de déceler l’incursion d’une patrouille de cavaliers dans le village.
Le Sous lieutenant BERGEAT (3e Cie)  fera ouvrir le feu sur cette patrouille dont les tirs précis, notamment de la part du Caporal MARCAILLOU tuent 1 cavalier, en blessent trois autres. Un cheval blessé grièvement se révèle appartenir à un officier.
Le Caporal DELAMARRE qui faisait partie de la reconnaissance note laconiquement dans son carnet : « A midi, nous partons en patrouille à notre tour, à 3 km. Au dessus de Bauche, voyons patrouille de 4 hommes. Un tué, un cheval blessé, officier disparu. Retour avec carabine, lance, sabre, sacoche, casque, manteau... »
Ces trophées, ramenés à YVOIR à 18h15  permettent d’identifier l’appartenance de la patrouille au 2e régiment des Dragons de la Garde.
Si ce renseignement n’apporte que la confirmation de la présence de la division de la Garde, unité organique du Corps de Cavalerie RICHTHOFEN, il n’en présente pas moins un caractère incongru. En effet,  le Roi des Belges avait été nommé chef de ce régiment lors de sa visite en Allemagne l’année précédente. Régiment qu’il  avait inspecté et passé  en revue le 5 novembre 1913 à Lunebourg. Albert Ier  s’était également joint au mess des officiers à ceux qui dix mois plus tard fouleront le sol belge à la tête de leurs escadrons et pelotons.
Cette reconnaissance n’observera  aucune autre formation ennemie que de la cavalerie dans la région de CRUPET.

Bauche_Panorama.jpg

                                     
 

Carte_Reconnaissance_Bergeat_Baures.jpg

La deuxième reconnaissance, forte elle aussi d’une demi-section,  est conduite par le Lieutenant BAURES (1ere Cie)  qui a déjà l’expérience  de ce genre de mission.
Celle-ci consiste à reconnaître la lisière est d’EVREHAILLES et le terrain entre EVREHAILLES et PURNODE. Les patrouilles lancées dans ces directions se heurtent à de l’infanterie peu nombreuse. A 17h 15, le détachement BAURES est accroché au sud d’EVREHAILLES et se replie à travers bois vers YVOIR, parvenant  à ramener le Sergent VERLEYEN blessé au bras et au pied.


Au terme d’une journée exempte d’échange d’artillerie dans le secteur, patrouilles françaises et allemandes se sont cherchées sur un terrain qui leur devient de plus en plus familier.
Dans le quartier du 148 RI, plus au Nord on a noté une intensification des patrouilles de cavalerie qui laisse des observateurs en place.

« Rien à signaler de particulier sur le front du corps d’armée » conclut le JMO du 1er CA.
Et pourtant, nous l’avons vu, la IIIe armée allemande approche de la rive gauche de la Meuse!

Sources :
  • ·    JMO du 1er CA (Inclus EM et unités subordonnés)
  • ·    Général LANREZAC-Le plan de campagne français et le premier mois de la guerre (2 août — 3 septembre 1914)-Payot-1920
  • ·    Général MANGIN- Lettres de guerre 1914-1918-Fayard-1950
  • ·    Lieutenant-colonel M.LARCHER - Le 1er Corps à Dinant, Charleroi Guise-Berger-Levrault-1932
  • ·    Caporal Camille DELAMARRE –Carnet de route
  • ·    Baron BEYENS-Deux années à Berlin 1912-1914 Tome II-Plon-1931
  • ·    Le Petit Journal-19 août 1914
  • ·    P.BOURGET- Fantassins de 14 De Pétain au poilu-Presses de la Cité-1964
  • ·    Pierre NOTHOMB-Les barbares en Belgique-Perrin & Cie-1915
  • ·    Evrehailles—Rapport N°375  in SCHMITZ & NIEUWLAND-Documents pour servir à l’histoire de l’invasion allemande dans les provinces de Namur et Luxembourg Quatrième Partie Le combat de Dinant-Van Oest & Cie-1921

Glossaire

DELAMARRE Camille Alexandre Emile Caporal

Présentation

Date de naissance:

 16/04/1889

Lieu de naissance:

 Livry

Département:

 Seine et Oise

Classe:

 1909

Matricule au corps:

 06224

Lieu recrutement:

 Seine 1e bureau

Date du décès:

 03/10/1914

Lieu du décès:

 PARIS - Hopital Necker

Département:

 Seine

Cause du décès:

 septicémie gangréneuse

Date de transcription:

 

Lieu de transcription:

 

Département:

 

Fiche Mémoire des Hommes

 Delamarre_Camille_03_10_14.jpg

Informations complémentaires

 -Selon le JMO il est porté disparu à MAMETZ MONTAUBAN le 17/18 décembre 1914 Dernier domicile Epinay (75)

Voici quelques informations concernant mon grand père le caporal Camille Delamarre, né le 17 avril 1889 à Livry Gargan (Seine et Oise) et demeurant à Epinay sur Seine (Seine). Il a été blessé grièvement dans les tranchées à Maricourt le 29 septembre 1914. Transporté à Braye, il a été soigné à l'Hôpital de Villers-Bretonneux puis à l'Hôpital Necker à Paris. C'est là qu'il est mort de la gangrène le 3 octobre 1914, bien qu'ayant subi l'amputation de la jambe droite. Il laissait une veuve de 19 ans et un fils de dix  mois.

 Catherine Delamarre


Date de création : 09/12/2009 ! 21:20
Dernière modification : 10/12/2009 ! 10:55
Catégorie : JMO-1914 à 1919 - Année 1914
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