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Henri MOREL |
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Les consignes ont été passées sans douleur dans le courant de la nuit et nos successeurs ont trouvé des tranchées bien installées, bien protégées, et des abris aussi corrects que la difficulté des temps l'avait permis. Dès les premières heures du jour on part avec nos chargements de bête de somme et nos immenses espoirs d'avenirs inconnus et meilleurs. La journée n'est pas trop pénible bien que nous ayons perdu l'habitude de la marche. Mais il ne fait pas top chaud. Nous sommes si heureux de revoir des champs, des jardins, des maisons, des villages que tout nous semble beau. C'est un monde oublié que nous sommes entrain de redécouvrir. Aussi le bivouac de Bohémica, le 6 avril, est-il joyeux, de même que celui du lendemain 7 avril à Vardine est assez agréable. Mais le temps se gâte. Et puis nous revoilà dans cette plate vallée du Varvar où nous assaillent tant de mauvais souvenirs. Le 8 avril nous gagnons Vardarovci. Il pleut sans arrêt et la marche est fatigante. Vardarovci Les vieux du 4-5 se rappellent y avoir bivouaqué un soir de décembre 1915 qui n'était pas beaucoup plus lugubre que celui là. Le 9 avril la température est si mauvaise que l'ordre de mise en marche est différé d'une heure. On part pourtant sous la pluie qui nous transperce. A notre lassitude s'ajoute l’écœurement d 'un ciel uniformément bas et d'une monochromie désolée. Le poids du souvenir accroît la tristesse des heures. C'est là que nous avons tant souffert après la retraite de Serbie. Allons nous voir se répéter la cruauté des jours que nous avons déjà vécus sur ces lieux mêmes ? Le bivouac à Doganzi nous a fait franchir les limites du camp retranché de Salonique. C'est tout juste si on ne regrette pas les gourbis des Bombardés ou de la Carapace. Heureusement le 10 avril le temps s'améliore. On a retrouvé un pays connu. Il n'a certes pas embelli. Mais nous avons un peu d'émotion à revoir notre vieux Durmuslu et à stationner aux lisières de Topcin. Combien qui, de ces lieux, sont partis avec nous en mai 1916, joyeux de leur vivante jeunesse, dorment maintenant leur éternel sommeil dans les cimetière de Ljumnica et du Kotza-Déré. Le 11 avril nous couchons près de Samli, le 12 nous sommes au bout de nos peines et le régiment se répartit à Zeitenlick, à Gradcher et à Hortakoj pour une période d'instruction de durée indéterminée. A nous maintenant les joies de la « reprise en mains ». A nous les écoles de section et de compagnie. A nous les savantes manœuvres. A nous les revues et les locaux disciplinaires. Mais à nous aussi les fines bordées à Salonique, la quiétude des nuits sans patrouilles et des jours sans bombardements. A nous la sérénité des écœurants messieurs qui, de la Tour Blanche à la rue Vénizelos, de la rue du Vardar à la rue Max Harden, promènent avec impudence leurs brillants uniformes à jamais à l'abri de la poussière ou de la boue des tranchées. Mais le commandement à jugé que ce ne devait pas être là la vie qui nous convenait. A chacun son métier : l'arrière aux gens de l'arrière, le front aux gens du front, et les embusqués de Salonique seront bien gardés. Aussi le 9 mai 1918 nous avertit-on que notre repos n'a que trop duré, que nous sommes mis à la disposition du général Gérôme commandant le premier groupement de divisions, et que nous avons à rejoindre, vers le Skra di Legen, la division hellénique de l'Archipel.
Date de création : 19/01/2013 ! 15:21
Dernière modification : 19/12/2013 ! 20:43 Catégorie : - Le 45e RI en 14-18 Page lue 3465 fois Réactions à cet article
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