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LA PRISE DU SKRA DI LEGEN

 

Tandis que le 1er bataillon reste en place au Replat Rocheux le 2ème et le 3ème bataillon campent, dès le 29 mai, au col du Yegoura, au pied du Skra Di Legen, à 1.000 mètres d'altitude.

C'est la pleine montagne. La nuit est froide et les sommets qui nous entourent détachent sur un ciel clair leurs silhouettes trapues.

Les consignes les plus sévères nous sont données : ne pas allumer de feu, ne pas bouger, ne pas faire de bruit, cacher complètement à l'ennemi une présence qu'il ne doit pas soupçonner.

Car c'est demain que les Grecs attaquent l'énorme bastion fortifié du Skra.

A 100 mètres au dessus de nous, il garde un air faussement paisible. Son vaste et plat sommet s'étale largement, comme un ventre d'obèse. Quelques monts dénudés l'entourent, pareil à lui en leur tranquillité sournoise.

Il y a tout juste un an que nous l'avions vu pour la première fois. C'était en mai 1917 quand nous étions venus soutenir l'attaque du 84ème et du 284ème d'infanterie. Aujourd'hui le Skra se montre plus redoutable encore. Il nous domine de partout et plus que jamais il nous semble que les Bulgares n'auraient qu'à pousser les rochers qui nous menacent de leur masse instable pour nous écraser sans combat.

Tandis que la position alliée s'étend linéaire et sans profondeur, la position ennemie donne l'impression d'un bloc pesant, impénétrable et sans fissures. De puissantes rangées de fils de fers, des tranchées creusées dans le roc, des abris enfouis dans le granit, un labyrinthe de postes qui se croisent, qui s'épaulent, qui se flanquent, une artillerie solide, des mitrailleuses partout cachées, des observatoires à qui rien n'échappe du Vardar à la Dzena, tout cela devrait décourager toute velléité d'attaque.

Et pourtant, le 30 mai, à 4 heures du matin, la division grecque de l'Archipel est prête à bondir, le 5ème hellénique à gauche, le 1er au centre, le 6ème à droite. Un régiment de la division de Crête lui a été adjointe, tandis que les canons de 37 de notre 45ème d'infanterie lui sont accolés pour l'aider de leurs feux. En outre nos 2ème et 3ème bataillons ainsi que le 1er zouave doivent lui servir de réserve et se tenir à sa disposition au col de Yegoura et au signal d'Oain.

Les Bulgares n'avaient pas été sans percevoir confusément que quelque chose se préparait contre eux. Ils avaient exécutés de violents bombardements, rageurs et désordonnés. Un obus malencontreux était tombé en plein dans notre train de combat, faisant exploser un dépôt de munitions, tuant et blessant une vingtaine de nos camarades.

Mais le sort de l 'ennemi été déjà réglé.

A 4 heures 50, les troupes grecques précédées d'un tir de destruction bien réalisé et d'un tir de barrage bien conduit sautent sur un adversaire décontenancé.

En 10 minutes le premier objectif est atteint.

Nos canons de 37 y arrivent avec les Hellènes. Une de nos pièces est immédiatement mise hors de cause par un obus qui la frappe de plein fouet. Les autres pièces continuent et contribuent pour leur part au succès de l'attaque générale.

Car c'est un vrai succès. A 7 heures du matin, la face des fortifications bulgares a été conquise, les flancs largement débordés, et l'ennemi en déroute s'enfuit vers le nord.

On a fait 1.800 prisonniers, pris un nombreux matériel et porté la ligne alliée du village de Ljumnica jusqu'au confluent de la Ljumnica du Sud et de la Ljumnica du Nord, depuis Kupa jusqu'au delà du massif du Skra, enfin de Oain à Lunzi.

A 7 heures du matin les réserves avancent. Notre 2ème bataillon se porte au Ravin Salambier, au pied même de la cuvette du Skra, et notre 3ème bataillon un peu en arrière au Ravin du Monticule.

Evidemment la situation n'est pas de tout repos, surtout au Ravin Salambier. On y vit dans l'odeur de la poudre et le fracas de la bataille. Les obus le prenne d’enfilade et l'on doit rester couchés dans les trous et derrière les rochers du terrain. Quelques éclatements laissent traîner après eux une fumée jaune opaque. S'agirait-il d'obus de gaz ? Et puis le temps a changé il pleut maintenant sans arrêt, une interminable et triste pluie qui n'en finit pas de tomber. C'est surtout dans la nuit du 30 au 31 mai que notre situation parai assez médiocre. L'artillerie bulgare s'acharne plus spécialement sur les arrières que nous occupons. Les évacuations et le ravitaillement sont également difficiles dans notre ravin impraticable et inondé.

La journée et la nuit du 31 mai ne nous laissent guère de répit et nous supportons aussi mal les cataractes célestes que les incessants bombardements d'un ennemi désireux de venger sa défaite.

Le 1er juin nous recevons l'ordre d'avancer et d'aller organiser la ligne entre les retranchements du Skra et le village de Lunzi d'une part, entre le col de Lunzi et l'ancienne ligne d'autre part.

Toujours sous la pluie se sont des travaux de terrassement qui recommencent, particulièrement pénibles par la nature du sol et spécialement dangereux par l'acharnement de l'artillerie bulgare. Tous les jours nous avons des tués et des blessés dont le nombre affirme la violence des réactions adverses.

Mais nous espérons bien qu'en reconnaissance de nos peines le superbe pont que nous avons construit au-dessus d'un passage difficile portera sur les cartes le nom de « pont du 45ème »

Le 4 juin nous sommes tenus en alerte par une rude contre-attaque à notre droite sur les Ouvrages Blancs du Skra di Legen et, bien entendu, nous en recevons les éclats.

Cette attaque sans succès devait se terminer bientôt et nous allions désormais connaître, pour quelques jours, un calme relatif. Des ordres sont donnés pour que les 2 bataillons en ligne soient relevés par le 1er bataillon demeuré au Replat Rocheux.

Jusqu'au 20 juin notre 1er bataillon jouira sur les positions qu'il occupe d'une tranquillité à peu près complète.

Mais soudain, dans la nuit du 20 au 21 juin, un violent bombardement se déclenche sur lui. Les travailleurs qui plantaient des piquets en avant des lignes se replient vivement.

A minuit tout le monde est rentré et attend à son poste une attaque qu'un message intercepté annonce pour 2 heures. La canonnade est violente. Toutes les lignes téléphoniques sont coupées entre le 1er bataillon et le reste du régiment.

Dans l'obscurité, au milieu des obus qui sifflent de toutes parts, sous les éclats qui se dispersent de tous côtés, les téléphonistes cherchent avec un admirable sang-froid, à réparer leurs lignes ; Il leur faudra 2 heures d'efforts périlleux pour rétablir enfin des communications précaires.

Notre artillerie, de son côté, a si violemment réagi que les Bulgares n'ont pas osé lancer leur attaque d'infanterie. La nuit continue animée et meurtrière. Puis , petit à petit, tout s'apaise et les craintes que nous avons eues disparaissent avec les premières lueurs du jour.

Ce sera le dernier sursaut de réaction ennemie jusqu'au moment de notre relève.

La prise du Skra di Legen avait couronné l’œuvre du général Guillaumat en Orient et c'est sur un beau succès qu'il rentrait en France, remplacé sur le front de Macédoine par le général Franchet d'Esperey.

Pour nous l'affaire du Skra se terminait aussi. Au début de juillet nous apprenions notre imminente relève des lignes que nous avions organisées.

Nous abandonnons sans regret ce secteur difficile pour gagner par chemin de fer la région de Verria. Embarquement à partir du 18 pour Gumendje. Trajet interminable. Le 1er bataillon arrive à Verria le 19 juillet, le 2ème bataillon le 20 juillet et le 3ème le 21 juillet. 


Date de création : 19/01/2013 ! 15:23
Dernière modification : 19/12/2013 ! 20:46
Catégorie : Historique du 45e RI - Le 45e RI en 14-18
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